L’EI se renforce en Libye dans son fief méditerranéen de Syrte

Selon plusieurs déclarations d’experts et d’acteurs sur le terrain, le groupe État islamique (EI) ne cesse de se renforcer en Libye. De nouvelles recrues étrangères affluent vers Syrte, à l’heure où l’attention du monde est focalisée sur la Syrie et l’Irak.

Tanks devant l’antenne radio, Syrte, Libye, 18 février 2015 © Mohamed Ben Khalifa/AP/SIPA

Tanks devant l’antenne radio, Syrte, Libye, 18 février 2015 © Mohamed Ben Khalifa/AP/SIPA

Publié le 2 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

« L’EI a des visées stratégiques sur la Libye depuis longtemps, et on constate désormais que de plus en plus de combattants (…) affluent vers Syrte au lieu de se diriger vers la Syrie »,  a indiqué à l’AFP Mattia Toaldo, du Conseil européen des relations extérieures (ECFR). Des experts de l’ONU soulignent toutefois que le groupe islamiste fait face à une forte résistance de la population en Libye.

Profitant du chaos qui règne en Libye avec des combats meurtriers entre milices rivales et deux gouvernements se disputant le pouvoir, le groupe ultra-radical a implanté en février sa base à Syrte, la ville natale du défunt dictateur Mouammar Khadafi,  à 450 km de la capitale Tripoli. Des responsables de l’armée loyale aux autorités reconnues, basées dans l’est, affirment aussi que la ville est devenue une destination de choix pour de nouvelles recrues.

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Environ 1 500 combattants, selon l’ONU

« Syrte est désormais le centre (…) où les nouvelles recrues sont formées et initiées à l’idéologie de l’EI », a déclaré à l’AFP le commandant Mohamed Hijazi, porte-parole de l’armée du gouvernement reconnu dirigée par le colonel Khalifa Haftar. « Des centaines de combattants étrangers affluent de Tunisie, du Soudan, du Yémen mais également du Nigeria pour être formés et prêts à mener des attentats dans d’autres pays », affirme de son côté un colonel des forces gouvernementales qui a préféré garder l’anonymat.

En tout, selon une source du ministère libyen des Affaires étrangères ils seraient aujourd’hui plusieurs milliers à s’entraîner dans les rangs de l’EI à Syrte, environ 1 500 selon l’ONU. Un autre responsable du gouvernement libyen reconnu indique que « les frappes contre Daesh [en Syrie, NDLR] peuvent pousser le groupe à transférer ses chefs et des centres de commandements vers la Libye ».

Aucune solution politique en vue

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L’EI tente de donner une image de normalité à Syrte en organisant des reportages sur l’inauguration de nouvelles pâtisseries ou boucheries mais elle diffuse également des vidéos sur des amputations de mains pour rappeler sa présence impitoyable. « Tant que le conflit continue en Libye, l’EI sera capable d’y maintenir une présence si importante qu’elle pourra soutenir ses branches dans toute la région », souligne la société d’analyse de risques britannique Verisk Maplecroft dans une étude publiée mercredi.

Ancienne puissance coloniale, l’Italie s’est dite désireuse de créer les conditions pour réunir un sommet international sur la Libye à l’image de la conférence sur la Syrie organisée à Vienne. Mais pour l’instant aucune solution politique n’est en vue pour mettre fin au conflit. Les pourparlers pour former un gouvernement d’unité nationale menés sous l’égide de l’ONU à l’automne ont échoué et n’ont pas encore repris.

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