Sénégal : G Hip Hop, le supplément d’âme galsen de Guediawaye

Du graffiti à l’écriture, en passant par la danse… À Guediawaye, en banlieue de Dakar, le centre G Hip Hop (Guediawaye Hip Hop) forme les jeunes aux métiers des cultures urbaines. Et au civisme.

L’un des objectifs du centre G Hip Hop est de promouvoir la citoyenneté à travers les cultures urbaines. © Youri Lenquette

L’un des objectifs du centre G Hip Hop est de promouvoir la citoyenneté à travers les cultures urbaines. © Youri Lenquette

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 2 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Sur un mur, les visages tagués de grands leaders africains : Amílcar Cabral, Thomas Sankara, Nelson Mandela… Face à eux, une scène en plein air, recouverte de graffitis prônant une citoyenneté engagée à base de slogans tel que « Nourrir le futur ». Le tout avec du rap galsen (sénégalais) en fond sonore, craché par de grosses enceintes, dans un préau étroit où quelques jeunes sont réunis.

Parmi eux, Malal Tall, alias Fou Malade, célèbre rappeur local à la pointe du mouvement Y’en a marre, fondé en 2011. Originaire de Saint-Louis, il n’avait que 3 ans lorsqu’il a débarqué avec sa famille à Guediawaye, banlieue populaire du Grand-Dakar. Il y a quelques années, avec son ami Sarenzo, rappeur lui aussi, ils ont l’idée de réhabiliter un terrain vague à côté de chez eux pour en faire un centre de cultures urbaines. Le projet du centre G Hip Hop (Guediawaye hip-hop) est né. Après avoir obtenu l’accord de la mairie et le mécénat de la société française Eiffage, les travaux démarrent, fin 2011. « Nous avons tout fait de nos propres mains, avec de jeunes maçons, plombiers et électriciens du quartier », raconte Fou Malade. L’ensemble est inauguré en avril 2013. Devenu l’un des principaux lieux culturels de la commune, il fait la fierté de ses habitants.

la suite après cette publicité

Artistes en herbe

Tous les jours, G Hip Hop accueille des jeunes du quartier ou des communes voisines. Pour la plupart âgés entre 18 et 25 ans, ils viennent assister à des concerts, à des street conferences (débats sur les problèmes locaux quotidiens) ou participer à divers ateliers. Chacun des quelque 250 membres du centre s’étant acquitté de sa cotisation annuelle de 2 500 F CFA (3,80 euros) peut s’inscrire aux formations de son choix (DJ, graffiti, breakdance, slam…), qui durent chacune trois mois.

Tous les mercredis soirs, ceux qui le souhaitent peuvent monter sur scène pour des concerts freestyle

Avant d’être chargé de l’animation de G Hip Hop, Assane, la trentaine, a suivi l’une de ces formations pour parfaire ses compétences de DJ. « J’ai pu réaliser l’un de mes rêves, pas loin de chez moi et sans avoir à aller jusqu’à Dakar », explique le banlieusard souriant. Aujourd’hui, il encadre les artistes en herbe avec l’équipe du centre. Un studio est mis à disposition des jeunes artistes souhaitant enregistrer leurs morceaux, où plusieurs grands noms du hip-hop sénégalais, comme Thiat et Kilifeu, du groupe Keur Gui, sont passés avant eux. Une bibliothèque spécialisée est aussi ouverte aux membres du centre. Et, tous les mercredis soirs, ceux qui le souhaitent peuvent monter sur scène pour des concerts freestyle.

Message militant

la suite après cette publicité

Pour Fou Malade, la démarche n’est pas uniquement artistique : « G Hip Hop offre un cadre d’expression aux artistes et aux associations de banlieue, mais l’un de ses autres objectifs est de promouvoir la citoyenneté à travers les cultures urbaines. » Un message militant, asséné depuis des années avec Y’en a marre, que le rappeur met en pratique aujourd’hui à l’échelle de Guediawaye. Les membres du centre mènent régulièrement des campagnes locales de sensibilisation au respect de l’environnement pour la « revalorisation des rues », selon l’expression de Malal Tall. Aidés par les habitants, ils ont ainsi évacué plusieurs tonnes d’ordures des rues voisines du centre pour en faire des espaces propres, verts, plus agréables à vivre.

Fin novembre, G Hip Hop a par ailleurs accueilli pour la première fois l’édition sénégalaise du festival burkinabè Ciné droit libre. Au menu : projection de films documentaires, concerts, mais aussi débats avec des figures de la société civile étrangère, comme les deux Burkinabè Smockey et Sams’K le Jah, fondateurs du mouvement Le Balai citoyen. Du 24 au 31 décembre, le centre organisera également son événement majeur, la Foire civico-hip-hop : une semaine de concerts et d’échanges entre les associations du quartier et les autorités locales.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires