Génocide des Tutsis au Rwanda : des militaires français réfutent des accusations « invraisemblables »
Des officiers de l’armée française, dont le chef de l’opération Turquoise au Rwanda en 1994, ont réfuté les accusations « invraisemblables » et « monstrueuses » de complicité de génocide portées par des associations parties civiles dans une enquête menée à Paris.
Lancée le 22 juin sous mandat de l’ONU, l’opération Turquoise « a protégé des centaines de milliers de personnes » et sauvé « des dizaines de milliers de vies tutsies », répondent mercredi 2 décembre Jacques Rosier, qui commandait les forces spéciales, et Marin Gillier, en charge d’un commando de fusiliers marins, dans un communiqué. La Fédération internationale et la Ligue des droits de l’homme (FIDH et LDH) et l’association Survie ont demandé le 24 novembre leur mise en en examen pour complicité de génocide.
« Nous avons toujours exprimé notre volonté de témoigner » dans l’enquête « pour mettre enfin un terme à des accusations aussi invraisemblables que monstrueuses de ‘complicité de génocide’ », ajoutent-ils dans un texte également signé par l’ancien chef de Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade.
Les militaires dénoncent « la reconstruction mensongère des faits, la dénaturation des pièces de la procédure pénale et l’articulation fallacieuse des témoignages contenus dans ces articles de presse ». « Nous réaffirmons notre fierté de ce que nous avons accompli au Rwanda lors de cette brève opération, alors que la France s’est trouvée seule à s’engager réellement pour mettre fin au génocide », ajoutent-ils.
Témoignages accablants
Révélés mardi 1er décembre par France Info et Mediapart, des documents déclassifiés et autres témoignages, recueillis par les magistrats parisiens en charge, depuis février 2005, d’une information judiciaire contre X pour « complicité de génocide » visant l’armée française, s’avèrent en effet accablants pour l’état-major de l’opération Turquoise.
Contrairement à la version officielle jusque-là défendue par les officiers français impliqués, ils établissent en effet que ces derniers se sont sciemment abstenus de se porter au secours de plusieurs centaines de rescapés tutsis pourchassés, sur les collines de Bisesero, par les miliciens et militaires hutus auteurs du génocide.
Massacre de Bisesero
Les juges français disposent du témoignage du lieutenant-colonel Jean-Rémy Duval, qui a assuré avoir effectué une reconnaissance le 27 avec une douzaine d’hommes puis avoir relayé ses craintes, à son retour à la base, par téléphone puis par fax. Il dit avoir rendu compte à son supérieur Jacques Rosier, qui nie.
Mais ce dernier a été confronté lors d’une audition chez le juge à une vidéo du 28 juin 1994 où un sous-officier lui fait état de blessés découverts « ‘hier dans le patelin’, dont certains avaient la chair qui pendait ». En outre, plusieurs documents à la procédure attestent que l’information sur Bisesero a circulé avant le 30 juin au sein de l’armée.
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