Maroc : quand Benkirane tance Belmokhtar, le ministre de l’Éducation nationale

Dans un réquisitoire extrêmement dur, le chef du gouvernement marocain a rappelé à l’ordre, mardi, son ministre de l’Éducation nationale, Rachid Belmokhtar, rejetant en bloc son projet de « franciser » l’enseignement des matières scientifiques dans les lycées.

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane lors d’un meeting du Parti justice et développement (PJD) le 14 juillet 2012 à Rabat. © Paul Schemm / AP / SIPA

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane lors d’un meeting du Parti justice et développement (PJD) le 14 juillet 2012 à Rabat. © Paul Schemm / AP / SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 3 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est une attaque en règle que le chef du gouvernement marocain a lancé envers son ministre de l’Éducation nationale, mardi 1er novembre. Lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, Abdelilah Benkirane a rejeté en bloc le projet de Rachid Belmokhtar d’enseigner dès la rentrée prochaine les filières mathématiques et scientifiques dans les lycées en français au lieu de l’arabe.

« M. le ministre, éloignez-vous des choses dangereuses. Occupez-vous de la discipline et de l’ordre comme le réclament depuis longtemps tous les acteurs de ce secteur ! Faites barrage au clientélisme et au favoritisme qui rongent le système d’enseignement ! Il faut cesser de se taire sur les nombreuses failles qui traversent ce système… Quand vous aurez rempli cette tâche, on pourrait alors discuter de vos nouvelles propositions », a tonné Benkirane face à un Belmokhtar qui tentait de cacher son malaise derrière un sourire forcé.

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« Attiser le feu ! »

Mais la charge n’était pas finie. « C’est moi que SM le roi a nommé en tant que chef de gouvernement. Il aurait pu vous choisir puisqu’il vous connaissait avant moi (rires dans l’hémicycle). Alors, s’il vous plaît, retirez votre projet qui ne fera qu’attiser le feu. En tant que chef du gouvernement, il me revient d’apprécier les retombées socio-politiques de toutes les décisions prises par mon équipe ».

Le 10 octobre, Belmokhtar avait annoncé le retour du français dans l’enseignement de quelques matières scientifiques, provoquant la colère des islamistes au pouvoir et des défenseurs de la langue arabe qui ont dénoncé la main mise du « lobby francophone » sur l’enseignement. Avouant ne pas avoir été prévenu de ladite réforme avant cette date – ce qui est en soi un grave problème, qui confirmerait le manque de communication au sein de son équipe – Benkirane a indiqué avoir adressé un courrier au roi lui signifiant son refus du projet de Belmokhtar.

Benkirane voulait visiblement prendre à témoin l’opinion publique

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Éléctrons libres

En tançant son ministre dans une séance parlementaire retransmise en direct à la télévision nationale, Benkirane voulait visiblement prendre à témoin l’opinion publique sur les différends qui l’opposent aux super-ministres imposés par le Palais, qu’il accuse d’agir en électrons libres.

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Le 22 octobre, en plein conseil de gouvernement, il avait également critiqué son ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, l’accusant de s’être octroyé, sans le tenir au courant, la direction du Fonds de développement rural, un compte d’affectation spécial inscrit dans la Loi de Finances 2016 et doté de 7 milliards de dirhams, mais appelé à être renfloué à hauteur de 55 milliards de DH d’ici à 2022.

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