COP21 : les transferts de technologie, l’autre cheval de bataille de l’Afrique
À Paris, les Africains réclament que les pays développés leur cèdent les technologies propres, souvent très coûteuses, afin de pouvoir allier développement et protection de la planète.
Tous les chefs d’État africains, ou presque, ont évoqué ce sujet lors de l’ouverture officielle de la COP21, le 30 novembre. Mais le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige le comité des présidents africains sur le climat, a lancé la charge la plus lourde.
« Les transferts de technologie sont un impératif, [et seront] la preuve principale du sérieux de la communauté internationale face au changement climatique », a-t-il déclaré devant le parterre d’officiels venant des cinq continents et réunis dans la grande salle plénière du Bourget, près de Paris.
Dans les allées de la conférence climatique, personne ne sait très bien en quoi doit constituer, concrètement, cette demande. « Cela reste encore flou », admet Nicolas Hulot, envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète. Mais il y a plusieurs hypothèses. Il peut très bien s’agir d’entreprises qui cèdent leur licence pour permettre aux pays de fabriquer eux-mêmes leurs propres produits”.
Solaire et transport d’électricité
Il faut dire que la notion de transferts de technologie couvre une réalité très large (cession, payante ou non, de brevets, mais aussi coopération, formation, etc.) et de nombreux domaines.
Interrogés en marge des cérémonies officielles de la COP21, les responsables africains restent vagues lorsqu’il s’agit de préciser ce qu’ils attendent de ces transferts. Si le président sénégalais Macky Sall évoque “le solaire comme priorité absolue”, le Premier ministre béninois Lionel Zinsou suggère d’insister sur le transport d’électricité. “Des laboratoires japonais et allemands travaillent beaucoup dans ce domaine, c’est intéressant pour l’Afrique où les pertes en ligne d’électricité sont énormes, au Bénin elles peuvent atteindre 60 % !”, souligne l’ancien financier. Des technologies issues de longues années de recherche, dont le coût est très élevé pour des entreprises africaines d’énergie aux finances fragiles.
Coopération régionale
Ces transferts de technologie, s’ils sont pertinents, semblent loin d’être acquis. Ils dépendent tout d’abord du bon vouloir des entreprises des pays développés, qui ont tout intérêt à protéger leur savoir-faire afin de maximiser leurs R&D et de s’assurer des contrats futurs.
De plus, cette piste ne peut pas répondre à tous les défis que connaît l’Afrique face au changement climatique. “Elle touche beaucoup plus l’atténuation, c’est à dire la réduction des émissions polluantes, explique le sénégalais Aliou Dia, responsable de la division changement climatique Afrique au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Aujourd’hui, les pays riches arrivent à mettre en place des solutions pour réduire la pollution et les pays en développement voudraient que ce savoir leur soit transmis pour se développer sans faire comme eux.”
Or une grande partie des besoins de l’Afrique se situe dans les coûts d’adaptation aux bouleversements du climat (construction de digues pour se protéger contre la montée du niveaux des mers, etc). “Dans ce domaine, je ne vois pas trop comment des transferts de technologie pourront être utiles”, ajoute l’expert. En revanche, dit-il, il faut développer à ce sujet la coopération régionale, à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest par exemple, pour assurer une meilleure coordination et réduire ainsi les coûts.
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