Sucre : un déficit à combler
L’Afrique subsaharienne voit l’écart se creuser entre sa demande et sa production. Une opportunité pour les compagnies sucrières, qui commencent à se redéployer, notamment au Nigeria.
Agrobusiness : un potentiel à transformer
Plus de 2,5 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2015 pour combler un déficit annuel estimé à 1,4 million de tonnes et répondre à une demande croissante : le secteur sucrier en Afrique subsaharienne est en pleine mutation, alors que les prix moyens, malgré une certaine volatilité, ne cessent globalement de progresser – le prix de la livre de sucre a été multiplié par 2,5 en cinq ans. Ce contexte tendu de l’offre et de la demande a été au coeur des débats de l’Africa Sugar Outlook 2012, qui s’est tenu à Nairobi du 14 au 16 mars, de même que les opportunités d’investissement. Car elles sont nombreuses.
Biocarburants
Dominée par les sud-africains Illovo Sugar et Tongaat Hulett avec 3,9 millions de tonnes raffinées dans sept pays, la production subsaharienne a atteint, pour la saison 2010-2011, 7,4 millions de tonnes, alors que la consommation s’élève à 8,8 millions de tonnes. Cette dernière est tirée par divers facteurs. Il y a bien sûr l’urbanisation et la croissance démographique, qui s’accompagnent d’un usage plus important du sucre dans l’alimentation, mais également, comme en témoignent les nombreux projets d’usines d’éthanol sur le continent, l’utilisation croissante des biocarburants en Afrique et dans le monde.
En octobre 2011, une étude du groupe Ecobank a révélé qu’à lui seul le Nigeria est à l’origine des deux tiers du déficit subsaharien. Malgré une production annuelle de 2,2 millions de tonnes, les producteurs Dangote Sugar et BUA Sugar ne parviennent pas à satisfaire la demande locale. Tous deux ont par conséquent lancé de nouveaux projets au Nigeria.
Le groupe du richissime homme d’affaires Aliko Dangote a décidé d’investir dans l’extension de sa filiale Savannah Sugar Company, afin de porter sa capacité annuelle de 50 000 à 1 million de tonnes en 2015 pour la production d’éthanol à destination du marché domestique.
Dangote Sugar a en outre un plan d’investissement de 750 millions d’euros au Sénégal, dont une partie est consacrée à la culture de la canne à sucre et à la construction d’une raffinerie d’une capacité annuelle comprise entre 100 000 et 200 000 t. De son côté, BUA Sugar a prévu d’inaugurer cette année une usine de 720 000 t/an qui comprend par ailleurs une centrale électrique de 20 mégawatts. Coût de l’investissement : 190 millions d’euros.
Dangote Sugar : il faut acheter !
Le groupe nigérian vit une situation paradoxale : alors que la demande de sucre augmente et qu’il projette d’investir massivement dans la culture et le raffinage (Dangote Sugar raffine pour l’instant du sucre importé du Brésil), son cours à la Bourse de Lagos a dégringolé de 72 % sur un an (3,51 nairas le 30 avril 2012) ! Selon le cabinet nigérian FSDH Securities, cette action vaudrait presque le double (6,94 nairas). Un constat de bon augure pour les investisseurs : FSDH Securities recommande d’acheter, prévoyant un bénéfice de 75 millions d’euros en 2015, contre 37,5 millions en 2011. M.P.
Cap sur l’export
Au total, en Afrique, l’ensemble des projets devraient permettre d’accroître la production annuelle régionale de 6,6 millions de tonnes d’ici à 2015, alors que la consommation devrait, elle, augmenter de 4 millions de tonnes d’ici à 2020. Le surplus (1,2 million de tonnes) sera donc exporté, notamment en Asie. La part de la consommation mondiale dans le sous-continent indien et en Extrême-Orient est en effet passée de 25 % en 1984 à 40 % en 2010, et devrait atteindre 47 % en 2020.
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