Affaire Pistorius : la juge Masipa dans la tempête après le verdict de la Cour suprême

Jeudi, la Cour suprême a requalifié les faits reprochés à Oscar Pistorius en « homicide volontaire », invalidant le jugement de première instance de la juge Thokozile Masipa. Celle qui avait condamné, à la surprise générale, le « Blade Runner » sud-africain pour homicide « involontaire » sur sa petite amie Reeva Steenkamp,en décembre 2014, est maintenant la cible de toutes les critiques.

La Juge Thokozile Masipa donnant son verdict en première instance dans le procès d’Oscar Pistorius, le 10 décembre 2014. © Sydney Seshibedi/AP/SIPA

La Juge Thokozile Masipa donnant son verdict en première instance dans le procès d’Oscar Pistorius, le 10 décembre 2014. © Sydney Seshibedi/AP/SIPA

Publié le 4 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Une erreur fondamentale d’interprétation »

Le verdict rendu jeudi 3 décembre stipule qu’il y a eu « une erreur fondamentale d’interprétation » dans le jugement de première instance de la juge Thokozile Masipa, et que « sur cette base, Oscar Pistorius n’aurait pas dû être condamné pour homicide involontaire mais pour meurtre ». La Cour Suprême a cependant tenu à préciser dans un dernier mot que ce verdict « ne doit pas être compris comme une mise en cause des compétences de la juge Masipa. »

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C’est pourtant comme cela que beaucoup l’ont compris. Et il n’en fallait pas plus pour déchaîner l’opinion publique sud-africaine qui se passionne depuis des mois pour cette affaire à rebondissements multiples, le premier procès a avoir été retransmis en direct sur les écrans de télévisions du pays. Alors que la chaîne locale News24 se demande si « le verdict de l’affaire Pistorius a des conséquences négatives sur l’image de la justice sud-africaine », de très nombreux Sud-Africains ont réagit via internet.

Selon l’agence de statistiques sur les médias ROI Africa, le hashtag #OscarPistorius était présent dans 89% des échanges sur les réseaux sociaux sud-africains jeudi 3 décembre :

(Part des échanges portant la mention #OscarPistorius sur les réseaux sociaux sud-africains le jeudi 3 décembre 2015.)

La juge Thokozile Masipa est en première ligne. Incompréhension, demandes d’enquête interne sur la manière dont elle a conduit le procès, accusations d’incompétence… Certains internautes ne mâchent pas leur mots.

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(À propos de la culpabilité d’Oscar Pistorius condamné pour meurtre : grandeur et décadence de Masipa.)

(La prochaine personne qui découvre que Masipa est celle qui va les juger va ressembler à ça.)

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Quand d’autres prennent sa défense au nom de la justice…

(Je ne comprend pas pourquoi tout le monde critique la juge Masipa. Le verdict de la Cour surpême prouve que notre justice fonctionne bien.)

Une opportunité éducative, selon le ministre de la Justice

Face à l’ampleur de la polémique, le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha, a réagi sur News24 : « La juge Thokozile Masipa ne devrait pas être conduite à l’échafaud parce qu’elle a fait une erreur dans le procès Pistorius », a-t-il déclaré.

Au contraire, l’affaire a selon lui « montré au monde que le système judiciaire sud-africain est « crédible et efficace ». Surtout, ce procès aurait été une occasion pour tous les Sud-Africains de mieux connaître la justice de leur pays : « Soudain, tout le monde est devenu expert, et on en parle à tous les comptoirs ». Le procès a en effet questionné et mis en lumière différents principes du droit sud-africain comme celui de « dolus eventualis » (la conscience de la conséquence de son action) ou l’importance de la marge d’interprétation laissée aux juges.

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