Guinée équatoriale : Oyala, la folie des grandeurs
Située dans la partie continentale de la Guinée équatoriale, la future ville aura une triple vocation : universitaire, touristique et industrielle.
BTP : les projets qui transforment le continent
Sur l’immense chantier du futur Brasília équato-guinéen, des dizaines de kilomètres carrés de forêt ont été abattus, et une bonne douzaine d’entreprises de BTP sont à pied d’oeuvre. Situé en pleine forêt équatoriale, l’ex-petit village formé de cahutes en bois est en passe de devenir l’une des rares cités africaines dont la conception aura été confiée à des ingénieurs, des urbanistes, des architectes et même des paysagistes. La réalisation du plan général de la ville et du schéma directeur d’aménagement, depuis la localisation des voiries et des réseaux jusqu’au raccordement des parcelles en passant par les conceptions architecturales, a été confiée à la société française Egis Route.
« Sipopo bis »
Le projet est titanesque. Prévu pour abriter environ 65 000 habitants et censé canaliser l’exode rural vers Bata et Malabo, Oyala, dont l’essentiel du bâti sera formé de petits immeubles et de villas – à l’exception des bâtiments structurants -, s’étalera sur 32 000 ha et s’étagera, de part et d’autre du fleuve Wele, sur les collines environnantes. Les quartiers situés au nord abriteront les administrations et autres édifices publics, les logements des fonctionnaires et le campus universitaire, qui sera doté de quatorze facultés et accueillera 10 000 étudiants. La partie sud hébergera les zones d’habitat, un parc technologique et une zone industrielle, ainsi que le complexe international, sorte de Sipopo bis – ce quartier dévolu au tourisme d’affaires, de congrès et de loisirs construit sur l’île de Bioko, au sud de Malabo.
Sur le terrain, voilà deux ans que les travaux vont bon train. La future ville nouvelle est déjà reliée à Bata par une autoroute à quatre voies, via Niefang, Nkue et Anisok. « Il reste 15 km de piste à bitumer avant d’arriver à Oyala. Cela devrait être prêt en septembre », confie un chef de chantier. Les avenues de La Justicia et de La Paz, deux artères structurantes réalisées par la société française Sogea Satom, qui traversent la ville d’est en ouest et du nord au sud, sont achevées. Deux des sept ponts à haubans prévus ont été livrés en décembre par le français Bouygues, et le belge Besix est sur le point d’en achever deux autres. En revanche, le chantier du cinquième pont est à l’abandon du fait de la situation critique de General Work, la société équato-guinéenne qui en avait la charge ; les autorités du pays recherchent une autre entreprise pour achever le travail. Quant au périphérique qui ceinturera Oyala, il sera réalisé par ARG, une société équato-guinéenne à capitaux brésiliens.
L’initiative divise
Côté bâtiment, les choses évoluent aussi à un rythme soutenu. Confiée à l’italien Piccini, qui a également remporté le marché de construction de logements de moyen standing, la réalisation du complexe international, situé dans l’une des boucles du fleuve, au sud-est de la future cité, est en cours. Le gros oeuvre du Palais des congrès et des 52 villas présidentielles est terminé, et plus d’une douzaine de villas ont déjà été livrées. Les travaux de génie civil de l’hôtel cinq étoiles sont réalisés à 80 %. Même évolution encourageante du côté du campus universitaire, un marché remporté par l’espagnol Unicon. Les chantiers du Parlement régional et du palais présidentiel, attribués respectivement au turc Summa et au libanais Seguibat, vont démarrer prochainement.
Gage de développement ou projet mégalomane, l’initiative divise. Si les autorités n’ont jamais communiqué sur son coût pour le moment, le pays ne devrait pas manquer de ressources pour la financer, manne pétrolière et gazière oblige. Il faudra encore attendre une vingtaine d’années avant qu’Oyala ne soit complètement achevé, mais « un grand coup de collier sera donné d’ici à 2020 et la ville sera habitable dans un délai de cinq ans », précise un cadre d’Egis Route.
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