Tunisie : des pétrodollars pour le logement social
Après le tourisme et la finance, les grands argentiers du Golfe se concentrent sur l’immobilier tunisien. En trois ans, 150 000 habitations doivent être construites.
BTP : les projets qui transforment le continent
Les abondantes chutes de neige et les inondations de cet hiver sont venues le rappeler : les conditions d’habitation dans les campagnes et les banlieues des villes tunisiennes sont précaires, notamment pour les 24 % de pauvres que compte le pays. Aux abords des villes, sous la pression de l’exode rural, l’habitat insalubre est souvent la règle. Et face aux besoins de la population, le parc de 2,8 millions de logements sociaux se révèle encore insuffisant.
Un constat qui pousse l’État à consacrer cette année 20 millions d’euros à la requalification urbaine des quartiers défavorisés et 30 millions d’euros à la construction de logements sociaux. Quelque 150 000 habitations destinées aux foyers les plus démunis seront réalisées en trois ans, dont 30 000 en 2012, via des promoteurs immobiliers publics et privés. Côté financement, la Tunisie s’est tournée vers des bailleurs de fonds amis.
Le Fonds d’Abou Dhabi pour le développement économique (Fadd), qui a participé, depuis 1974, au financement de onze projets pour un montant total de 100 millions d’euros, soutiendra le programme en appliquant des taux d’intérêt préférentiels. Sans pour autant que cette intervention annule la dette de la Tunisie auprès du Fadd, a indiqué Seif Al Suwaidi, son directeur général. La Fondation Khalifa Ibn Zayed Al Nahyan et le Croissant rouge émirati participeront quant à eux au tour de table pour la réalisation de structures sanitaires à l’intérieur du pays, dont un hôpital de cancérologie à Sfax. Enfin, l’investisseur saoudien Cheikh Salah Kamel, dont la société Al Baraka Immobilière a été le promoteur du quartier des Berges du Lac, à Tunis, a été sollicité pour la réalisation de 700 logements sociaux et des équipements collectifs dans la cité Omar-el-Mokhtar à Sejoumi, dans la banlieue de Tunis, d’un coût global de 25 millions d’euros.
« Zakat »
Pour compléter l’investissement, Mohamed Salmane, ministre tunisien de l’Équipement, propose d’avoir recours à la finance islamique en créant un fonds commun participatif alimenté par des dons et la collecte de la zakat – l’aumône obligatoire, troisième pilier de l’islam. Chahida Ben Fraj Bouraoui, secrétaire d’État chargée de l’Habitat, suggère également « de faire appel à des petites entreprises de bâtiment et à l’initiative des propriétaires ». Hélas, selon Moncef Kooli, président de la Chambre syndicale des promoteurs immobiliers, « il est presque impossible, aujourd’hui, avec la hausse du coût des matériaux et des terrains, de construire des habitations selon les critères du logement social pour les vendre entre 15 000 et 25 000 euros ».
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
BTP : les projets qui transforment le continent
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan