RDC – Kikaya Bin Karubi : « Kabila n’est pas un président démissionnaire »

Alors que l’opposition le soupçonne de vouloir se maintenir au pouvoir, le président Joseph Kabila, qui refuse de se prononcer sur ses intentions pour la présidentielle de 2016 tout en appelant au dialogue, a dépêché début décembre Bernabé Kikaya Bin Karubi à Bruxelles. De passage à Paris, le conseiller diplomatique du chef de l’État congolais s’est confié à Jeune Afrique. Interview vidéo.

Bernabé Kikaya Bin Karubi, conseiller principal du chef de l’État congolais en charge de la diplomatie, le 4 décembre 2015 à Paris. © Jeune Afrique

Bernabé Kikaya Bin Karubi, conseiller principal du chef de l’État congolais en charge de la diplomatie, le 4 décembre 2015 à Paris. © Jeune Afrique

ProfilAuteur_TresorKibangula

Publié le 9 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Le moment venu, le président Joseph Kabila dira ce qu’il a l’intention de faire ». Bernabé Kikaya Bin Karubi, conseiller principal du président congolais en charge de la diplomatie, reste sur la même ligne évasive que son patron. Cet ancien ambassadeur de 61 ans a été dépêché début décembre auprès des chancelleries occidentales, surtout à Bruxelles. Mission : demander à la communauté internationale de « convaincre » ceux qui boudent le nouveau forum présidentiel à y participer.

À ceux qui soupçonnent le chef de l’État congolais de chercher à se maintenir au pouvoir à l’issue du « dialogue national politique inclusif » qu’il a convoqué, Kikaya Bin Karubi rétorque que si, pour rassurer tout le monde, Joseph Kabila se prononce sur ce qu’il compte faire au terme de son deuxième et dernier mandat, cela voudrait dire qu’il a rendu le tablier. « Le président est encore à une année de la fin de son mandat, il serait irresponsable de sa part s’il démissionnait », soutient le conseiller.

la suite après cette publicité

Vers des « modalités de vote peu coûteuses » ?

Bernabé Kikaya Bin Karubi admet par ailleurs que le processus électoral en cours en RDC – qui devait aboutir à la tenue des législatives et de la présidentielle fin novembre 2016 – est mal engagé : calendrier global des scrutins dépassé, fichier électoral corrompu, insuffisance des moyens financiers pour organiser les élections…  Pour contourner le coût élevé de l’organisation des scrutins – plus d’un milliard de dollars selon les premières estimations de la Commission électorale nationale indépendante -, le président Kabila a préconisé une « réflexion sur un système électoral avec des modalités de vote peu coûteuses » afin d’allier « deux impératifs majeurs : la démocratie et le développement ».

Il est de bonne politique que nous puissions nous retrouver autour d’une table

« On peut adopter le vote électronique, comme au Nigeria, pour nous épargner des tonnes des bulletins de vote qui coûtent extrêmement chers », précise Kikaya Bin Karubi. « Il ne s’agit donc pas d’un quelconque changement éventuel du mode de scrutin », a tenu à rassurer le conseiller du chef de l’État. De fait, des voix s’élevaient déjà au sein de la classe politique congolaise pour dénoncer une tentative de passer au suffrage indirect à la prochaine présidentielle.

>> Voir la vidéo – Kikaka Bin Karubi : « Il ne peut y avoir de dialogue en RDC sans l’UDPS » de Tshisekedi <<

la suite après cette publicité

« C’est pourquoi face à toutes ces discordances et difficultés sérieuses, il est de bonne politique que nous puissions nous retrouver autour d’une table pour essayer de voir ensemble tous les défis qui nous attendent l’année prochaine », résume Kikaya Bin Karubi. Qui affirme que l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) participera bien au prochain dialogue – même si  le parti de l’opposant historique Étienne Tshisekedi continue, pour l’heure, de tergiverser.

la suite après cette publicité

Pour s’assurer de la présence de l’UDPS au dialogue, Joseph Kabila a dû faire des concessions. Le président congolais ne voulait par exemple pas d’un facilitateur international, comme l’exigeait notamment l’UDPS. « Il a finalement lâché », reconnaît Kikaya Bin Karubi, soulignant que « pour le chef de l’État, il n’est pas normal que les Congolais aient encore besoin de médiateur étranger pour se parler ».

C’est dans ce cadre que Saïd Djinnit est arrivé le 2 décembre à Kinshasa. Durant quatre jours, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU a rencontré plusieurs acteurs politiques congolais pour recueillir leur avis sur le dialogue convoqué fin novembre par le président Joseph Kabila. Après son séjour kinois, le diplomate algérien est allé rendre compte à Ban Ki-moon. Tous les regards des Congolais sont désormais tournés vers New-York.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires