Areva : Sherpa se constitue partie civile dans l’épineux dossier Uramin
Par cette décision, l’ONG française pourra accéder au dossier en cours d’instruction sur les conditions du rachat par le groupe industriel et minier Areva, en 2006, de l’entreprise minière canadienne, détentrice à l’époque de gisements d’uranium en Namibie, en Centrafrique et en Afrique du Sud.
Dans l’affaire du rachat controversé du groupe Uramin en 2006, l’ONG Sherpa se constitue partie civile dans la plainte contre Areva pour corruption d’agents publics étrangers, indique l’ONG dans un communiqué le 08 décembre. Ce qui lui donnera accès au dossier en cours d’instruction par le juge français Renaud van Ruymbeke depuis mai 2015.
« C’est la Cour des comptes qui a alerté le procureur, suite à quoi un juge d’instruction a été nommé. Nous nous interrogeons sur la manière avec laquelle des opérations suspectes ont pu échapper à la direction de l’audit et de la conformité du groupe, aux commissaires aux comptes ou à des intermédiaires, conseillers juridiques et fiscaux », indique Laetitia Liebert, la directrice générale de Sherpa interrogée par Jeune Afrique.
Deux informations judiciaires
Le parquet financier français a ouvert deux informations judiciaires sur le rachat de la société minière canadienne Uramin par Areva.
La première information judiciaire vise des faits présumés d’escroquerie, d’abus de bien social et de corruption d’agent public étranger – la constitution de partie civile de Sherpa ne concerne que ce dernier volet. Cette information judiciaire a été ouverte le 27 mars dernier après le dépôt d’une plainte en novembre 2014 à Paris par la Centrafrique sur d’éventuels détournements de fonds auxquels se seraient livrés le précédent gouvernement sous François Bozizé (à la tête du pays de 2003 à 2013).
La seconde information judiciaire a été ouverte pour diffusion de fausses informations boursières, de présentation de comptes inexacts, d’abus de pouvoir, de faux et d’usage de faux.
Rachat en 2006
C’est pour renforcer son portefeuille minier africain, alors concentré sur le Niger et ses exploitations de l’Aïr (Somaïr et Cominak), qu’Areva a racheté Uramin, une société détenant des gisements d’uranium en Namibie, en Centrafrique et en Afrique du Sud.
Une acquisition au prix fort (1,8 milliard d’euros), qui s’est avérée périlleuse. En 2012, la direction d’Areva a passé 1,5 milliard d’euros de dépréciation d’actifs. Le groupe a depuis revendu les gisements sud-africains décevants hérités d’Uramin en 2013, abandonné l’idée de développer à court terme ses mines centrafricaines affectées par la situation politico-sécuritaire et fait face à une exploitation techniquement difficile et coûteuse du site de Trekkopje, en Namibie.
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