L’Algérie en route vers la fin des « subventions généralisées »

L’annonce de l’arrêt progressif « des subventions généralisées des prix » réitéré par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, marque un tournant dans la politique économique de l’Algérie. Et suscite déjà de nombreuses interrogations…

Centre commercial Ardis à Alger. Les produits alimentaires bénéficient de subventions en Algérie. Elles ont été revues dans le cadre de la limitation des dépenses de l’État. © Omar Sefouane pour Jeune Afrique

Centre commercial Ardis à Alger. Les produits alimentaires bénéficient de subventions en Algérie. Elles ont été revues dans le cadre de la limitation des dépenses de l’État. © Omar Sefouane pour Jeune Afrique

Publié le 9 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois sous la mandature d’Abdelaziz Bouteflika, président de l’Algérie depuis 1999, le gouvernement décide de toucher au système des subventions. « Nous avons commencé à réfléchir pour sortir d’ici un à trois ans des subventions généralisées des prix vers des subventions ciblées », a déclaré à plusieurs reprises début décembre, le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa.

Précautions

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Dès 2016, les prix des carburants, de l’électricité et du gaz, seront remis « progressivement à leur valeur réelle » a-t-il détaillé. De même pour les prix des produits de base comme le lait, le sucre ou l’huile, qui connaîtront des augmentations.

Bien conscient du caractère sensible du dossier, c’est avec beaucoup de précaution que le ministre a fait ces déclarations. Cette transition qui se fera « étape par étape » s’accompagnera d’un soutien direct « à ceux qui en ont besoin » à travers « l’octroi d’une sorte de deuxième salaire pour les citoyens percevant un revenu inférieur à un seuil à déterminer plus tard », a précisé Abderrahmane Boukhalfa en évoquant l’existence d’une liste des personnes les plus démunies au sein des différents ministères.

Précisions

Des explications insuffisantes estime l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) qui demande des précisions supplémentaires sur les critères d’éligibilité aux subventions ciblées. « Sur quelles bases vont-être distribuées ces aides ? Est-ce que ce sera en fonction des salaires et dans ce cas-là quel sera le seuil retenu ? Et quid des travailleurs du secteur informel ? », interroge le vice-secrétaire général de l’Apoce, Samir Elksaouri, contacté par Jeune Afrique.

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« Sans un fichier national d’identification clair et précis des plus démunis, l’Apoce s’oppose à l’élimination des subventions généralisées », conclut-il.

L’association des consommateurs réitère sa critique du système actuel de subventions qui profite « sans discrimination de revenus » à 40 millions de consommateurs. Une politique « extrêmement coûteuse », reconnaît pour sa part le ministre des Finances qui rappelle que l’Algérie consacre 19 milliards de dollars aux transferts sociaux.

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Le régime de subventions dans le pays a été sensiblement accru à partir de 2011, en réponse notamment aux manifestations et aux pressions sociales faisant craindre un « printemps » algérien. Il couvre aujourd’hui une très large gamme de produits et de services : essence, électricité, logement, transports, emplois des jeunes, produits alimentaires, engrais, matériel agricole…

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