Lutte contre le piratage, les multinationales se mobilisent discrètement en Afrique

MTN, Canal + et d’autres multinationales joignent l’association Convergence, créée par l’ex-présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso, afin de mieux protéger les détenteurs de droits en Afrique. Le financement initial de l’association reste toutefois assez modeste.

Publié le 10 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Mutations technologiques, TNT, révolution numérique… le secteur audiovisuel et culturel africain est en pleine transformation.

Afin d’accompagner son développement, Béatrice Damiba, ancienne présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso, et plusieurs groupes privés comme l’opérateur télécoms MTN –  qui se tourne de plus en plus vers l’industrie du divertissement – et la société de production Diffa (groupe Lagardère), ont lancé le 09 décembre l’association Convergence.

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Dotée d’un budget pour l’année à venir de 200 millions de F CFA (350 000 euros), financé principalement par les contributions de ses membres, elle aura pour objectif de lever les freins à l’investissement dans l’audiovisuel et la culture en Afrique, notamment en protégeant mieux les détenteurs de droits.

Canal + Afrique, qui dénonçait récemment le piratage via la redistribution illégale des chaînes par les réseaux câblés au Sénégal, fait partie des membres de la première heure. Orange devrait également rejoindre bientôt l’association. Béatrice Damiba compte sur la participation des Sociétés de droits d’auteurs, des chaînes publiques et privées, des opérateurs satellitaires, mais aussi des entreprises du secteurs télécoms et de la musique.

Convergence veut mesurer le poids des industries culturelles et audiovisuelles sur le continent.

« Pillage de l’industrie culturelle »

L’enjeu est de taille. À l’occasion d’un séminaire sur la réforme de la Brigade nationale de lutte contre la piraterie et la contrefaçon le 13 octobre dernier, Sébastien Punturello, directeur de Canal + Sénégal estimait que convertir 20 % de l’offre illégal en activité légale « générerait pour l’État 4 milliards de F CFA par an.»

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Un constat que partage Béatrice Damiba pour qui l’industrie culturelle africaine est pillée. Elle insiste sur la nécessité de protéger les artistes et les acteurs de l’audiovisuel et de la culture en luttant contre le piratage. Outre le secteur privé, la présidente souhaite développer au maximum les partenariats avec les institutions telles la CEDEAO, l’UEMOA, l’Unesco et l’Union africaine.

L’association va lancer en 2016 une grande campagne panafricaine de sensibilisation aux effets économiques du piratage.

Mais dans un premier temps, Convergence entend faire un état des lieux et mesurer le poids des industries culturelles et audiovisuelles sur le continent. Actuellement, il n’existe pas d’études précises sur la contribution de la production télévisuelle, musicale ou cinématographique. « On parle de 3 % du PIB au Nigéria, mais cela pourrait être plus », assure la présidente de l’association. L’industrie culturelle africaine profite en outre d’une nouvelle demande pour des programmes locaux.

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Dans un second temps, l’association souhaite proposer des mesures pour fixer un cadre réglementaire et législatif suffisamment souple pour tenir compte des spécificités nationales. Sa mission sera surtout d’accompagner les États dans les moyens mis en place pour appliquer les lois existantes ou les aider à les moderniser pour tenir compte des mutations technologiques.

Convergence n’a toutefois pas vocation à se substituer aux instances nationales et à lutter directement contre le piratage. L’association sera en revanche en première ligne dans le domaines de la prévention, avec dès 2016 le lancement d’une grande campagne panafricaine de sensibilisation aux effets économiques du piratage.

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