Le Bénin rend un dernier hommage à l’ancien président Mathieu Kérékou

Les obsèques nationales de l’ancien président béninois Mathieu Kérékou, décédé le 14 octobre à l’âge de 82 ans, ont eu lieu jeudi à Cotonou. Une autre cérémonie se déroulera samedi dans sa ville natale de Natitingou, Nord-Ouest.

Le cercueil de l’ancien président béninois Mathieu Kérékou, jeudi 10 décembre à Cotonou. © Vincent Duhem pour J.A.

Le cercueil de l’ancien président béninois Mathieu Kérékou, jeudi 10 décembre à Cotonou. © Vincent Duhem pour J.A.

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Publié le 11 décembre 2015 Lecture : 4 minutes.

Il est près de midi, jeudi 10 décembre, quand la dépouille de l’ancien président Mathieu Kérékou pénètre, reposant sur un véhicule militaire et drapée du drapeau national, dans l’enceinte du stade de l’Amitié à Cotonou. Un silence de plomb s’abat sur la pelouse où sont rassemblés plusieurs centaines de personnes, responsables, membres de la famille vêtus de noir et invités. Il y a là le président béninois Thomas Boni Yayi et ses homologues togolais, Faure Gnassingbé, nigérien, Mahamadou Issoufou, et nigérian, Muhammadu Buhari ; le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan et des représentants officiels de la Guinée équatoriale, du Mali, du Ghana, du Gabon et de l’Algérie.

Portée par des membres de tous les corps des forces armées de la République, en grand uniforme (armée de terre, forces aériennes, gendarmerie, douanes, forces navales, police), la dépouille parcoure les 400 mètres de la piste d’athlétisme au rythme de la marche funèbre entonnée par la fanfare de l’armée et des 21 coups de canon, tirés comme à chaque grand événement, avant d’être déposée sur l’autel qui fait face à la tribune officielle. Deux militaires y déposent une gerbe de fleurs, bientôt suivis par une procession des différents corps de l’Église catholique qui peut alors procéder à son culte.

La classe politique dans son ensemble s’est déplacée pour cet ultime hommage au général président

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Écourtée en raison d’un retard conséquent (près de deux heures), la cérémonie sera ensuite réduite à une oraison funèbre très lyrique d’un des fils du « général Kérékou », Moïse, et aux discours des présidents béninois et nigérian. Assez bref, Buhari évoquera le « lègue démocratique » de Mathieu Kerekou, avant de laisser Thomas Boni Yayi se lancer dans un hommage de plus de dix minutes. « Le devoir de mes charges m’amène à m’adresser à vous mon cher général pour vous exprimer au nom du peuple béninois et en mon nom personnel notre affection et notre reconnaissance à l’heure fatidique de vous faire nos adieux », s’est exprimé le chef de l’État, rappelant qu’il avait reçu « plus de 200 coups de téléphone d’hommages venant des grands hommes du monde » et de conclure que le stade de l’Amitié serait désormais baptisé stade de l’Amitié-Mathieu Kérékou.

« Préserver l’héritage de Mathieu Kérékou »

La classe politique dans son ensemble s’est déplacée pour cet ultime hommage au général président. Le gouvernement, bien-sûr, avec en tête le Premier ministre, Lionel Zinsou, le vice-Premier ministre, François Abiola, et le ministre de l’Économie et des Finances, Komi Koutché, mais aussi les plus proches conseillers du chef de l’État. « Le général Kérékou incarne encore aujourd’hui pour tous les Béninois la préservation de l’unité, du respect des uns et des autres, et la préservation de la paix dans le pays. Il a laissé un héritage que nous sommes obligés de préserver. C’est pour ça que nous sommes tous là », glisse furtivement François Abiola.

L’opposition était représentée notamment les potentiels candidats à la présidentielle de février 2016 : l’opérateur économique Sebastien Adjavon, assis non loin du président de Renaissance Bénin (RB), Lehady Soglo ; Emmanuel Golou et Eric Houndété, tous deux en pleine lutte pour être désignés candidat de l’Union fait la nation (UN) ; ou encore Abdoulaye Bio-Tchané. Et puis, assis plus discrètement, l’homme d’affaires Patrice Talon venu avec son avocat et conseiller maître Joseph Djogbenou.

C’est son village natal de Kouarfa qu’il sera enterré, à côté de sa mère, non loin de son grand-frère et de sa fille aînée

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Seul bémol, l’absence ou presque de public dans le stade malgré l’arrivée en pleine cérémonie d’une centaine de moto-taxi, « zem », venus gonfler les rangs des spectateurs. Un manque d’engouement surtout dû au peu de communication (le programme officiel n’a été annoncé que deux jours avant et la confirmation donnée seulement la veille à 20H que le jeudi était férié) autour d’une cérémonie très militarisée et diffusée en direct sur l’ORTB.

Déposée au Palais des sports de Cotonou, où un hommage populaire était organisé, la dépouille du « Caméléon » – qui est à la fois son surnom et la signification en Wama de Tchâ, le prénom qui lui donnait sa mère – devait quitter la capitale béninoise vendredi matin pour une longue procession jusqu’à Natitingou, non loin de son village natal de Kouarfa, où un dernier hommage lui sera rendu samedi. C’est dans cette ville du nord-ouest du Bénin, où il avait acheté un domaine à flanc de montagne, qu’il sera enterré, à côté de sa mère, non loin de son grand-frère et de sa fille aînée.

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