Centrafrique : peu d’engouement pour les préparatifs du référendum constitutionnel
Avant la présidentielle et les législatives prévues le 27 décembre, les Centrafricains sont appelés dès dimanche à se prononcer sur la nouvelle Constitution du pays. Un scrutin test qui peine à susciter de l’engouement.
Sur le papier, près de deux millions de Centrafricains – sur une population totale de 4,8 millions – se sont inscrits sur les listes électorales. Mais à quelques jours du référendum constitutionnel, on est loin du grand raout pré-électoral attendu.
Sur les principales artères de Bangui, seules quelques banderoles appellent à voter « Oui », soutenant que « la paix, c’est dans les urnes ». Mais, peu de Centrafricains disent connaître les grandes lignes de la nouvelle Constitution du pays, imprimée à 15 000 exemplaires.
« Je n’ai toujours pas de carte d’électeur. Peut-on voter avec un simple récépissé ou la pièce d’identité ? », se demande comme beaucoup d’autres Natacha, une institutrice partie vivre dans un camp de déplacés après la dernière vague de violences qui a fait plus de 100 morts à Bangui depuis fin septembre, opposant comme d’habitude jeunes miliciens anti-balaka majoritairement chrétiens et groupes d’auto-défense musulmans.
Autre bémol : alors que l’enrôlement est terminé, seuls 26 % des 460 000 personnes réfugiées dans les pays voisins, dont une grande partie sont des musulmans chassés du pays en 2013-2014, ont pu s’inscrire.
Défi logistique
Repoussés plusieurs fois à cause de l’insécurité persistante dans le pays, le référendum de dimanche ainsi que la présidentielle et les législatives prévues le 27 décembre représentent un défi logistique plus grand encore en province, notamment pour acheminer sous escorte des Casques bleus le matériel électoral dans des régions souvent difficiles d’accès et livrées au banditisme.
À Bangui, malgré une certaine accalmie après la venue du pape François fin novembre, les forces internationales restent sur le qui-vive. « Ici, tout peut partir très vite », explique une source sécuritaire. D’autant qu’ »un certain nombre de personnes profitent du chaos ambiant et ont intérêt à voir le processus capoter ».
« Les conditions ne sont pas réunies pour organiser des élections, nous voulons d’abord la sécurité », a déclaré Maxime Mokom, figure des anti-balaka à Bangui. Tout en prévenant que si les élections sont encore repoussées, les anti-balaka « ne reconnaîtront plus les autorités de transition » dirigées par la présidente Catherine Samba Panza.
Mégaphones et affiches arrachés
À l’intérieur du pays, plusieurs régions de l’est et du nord restent aux mains de mouvements rebelles. L’ex-numéro 2 de la Séléka, Nourredine Adam, déclaré « ennemi public numéro 1 », a prévenu qu’il s’opposerait au vote à Kaga Bandoro (nord), malgré la présence de l’ONU.
Dans cette partie du pays, des hommes armés ont arraché les mégaphones et déchiré les affiches d’un groupe de jeunes menant des actions de sensibilisation sur la nouvelle Constitution.
C’est loin d’être parfait, mais il faut avancer.
« La tenue des élections risque d’être difficile à Kaga Bandoro et dans une ou deux autres localités », a confirmé un diplomate européen, qui relativise car « l’élection se joue principalement à Bangui, dans l’Ouham et l’Ouham Pende » (ouest), les deux provinces les plus peuplées du pays.
Lasse de l’interminable feuilleton centrafricain et alors que le petit pays vit sous perfusion de l’aide extérieure, la communauté internationale, France en tête, pousse à ces élections, y voyant une étape nécessaire vers la sortie de crise.
« C’est loin d’être parfait, mais il faut avancer sinon les bailleurs de fonds vont se fatiguer », a indiqué une source bien informée, selon laquelle le pays ne sera plus en mesure de payer ses fonctionnaires dès février.
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