Maritime : regain d’ambition pour Djibouti
Avec cinq nouveaux terminaux dédiés au pétrole, au gaz, au sel, au bétail et à la potasse, le port de Djibouti prendra une nouvelle dimension d’ici à 2017.
« C’est confirmé », affirme Aboubaker Omar Hadi. Le président de l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti peut être satisfait : le gouvernement vient de lancer officiellement le projet de construction du terminal minéralier de Tadjourah, situé de l’autre côté du golfe du même nom, en face de la capitale. L’autorité portuaire doit désigner l’entreprise maître d’oeuvre avant la fin du mois, le premier coup de pioche étant attendu début juin.
Avec ce projet estimé à plus de 53 millions d’euros et financé par le Fonds saoudien de développement et le Fonds arabe pour le développement économique et social, le principal port de la Corne de l’Afrique reprend sa marche en avant, démarrée en 2005. Après la création d’un nouveau terminal pétrolier, d’une zone franche portuaire et du terminal à conteneurs de Doraleh, Djibouti a rongé son frein entre 2008 et 2009 pour cause de crise économique mondiale, avant de pouvoir ressortir des cartons ses multiples projets. « Ce sont les clients qui viennent nous démarcher », insiste Aboubaker Omar Hadi, comme pour justifier les 3,4 milliards d’euros d’investissements prévus dans les cinq ans.
Activités nouvelles
Sous la baguette de l’émirati DP World, l’activité du terminal est en hausse constante.
Cinq nouveaux terminaux doivent voir le jour d’ici à 2017, tous liés à l’arrivée d’activités nouvelles. Celui de Tadjourah, équipé d’un linéaire de 500 m de long avec deux postes à quai, doit être réceptionné en 2014. Il exportera près de 4 millions de tonnes par an de potasse en provenance de l’Afar éthiopien. « Les compagnies minières sont en action, et une deuxième phase est déjà prévue pour exporter le double trois ans plus tard », confie le président des ports.
Également prévus pour démarrer avant l’été, les travaux du port du Goubet doivent arriver à terme fin 2013, pour permettre l’exportation de 4,5 millions de tonnes par an de sel extraites du lac Assal. Direction la Chine et le Japon, dont les importateurs prendront en charge les 42 millions d’euros nécessaires à sa réalisation. Toujours pour le marché chinois, le terminal gazier de Koubado doit être livré dans moins de trois ans, pour près de 2 milliards d’euros, gazoduc et usine de liquéfaction compris. Il devrait exporter 10 millions de mètres cubes de gaz éthiopien par an.
Le projet du quai de Damerjog, du côté du golfe d’Aden, prévu pour exporter chaque année plus de 5 millions de têtes de bétail d’Éthiopie et de Somalie vers les pays du Golfe et du Maghreb, est bien avancé. Tandis que celui du terminal pétrolier destiné à recevoir la production du Soudan du Sud doit compter avec la concurrence de Port-Soudan (Soudan) et de Mombasa (Kenya).
Bond des exportations
L’arrivée, plus ou moins acquise, de ces installations va faire bondir de 700 000 à 15 millions de tonnes les exportations des ports djiboutiens en cinq ans. Dans le même temps, Djibouti compte renforcer ses positions dans les activités de transbordement de conteneurs, dont il est déjà un champion africain depuis l’ouverture de Doraleh en 2009. Près des deux tiers des 703 617 équivalents vingt pieds (EVP, environ 38,5 m3) manutentionnés en 2011 sur ce terminal en eau profonde n’ont fait qu’y transiter avant d’être redistribués vers les ports de la mer Rouge ou de l’océan Indien, jusqu’à Durban (Afrique du Sud).
Sous la baguette de l’émirati DP World, l’activité du terminal est en hausse constante et devrait permettre à Djibouti de faire cette année son entrée dans le club très fermé des ports africains dépassant le million de boîtes par an (voir infographie). « Nous n’avons qu’à nous féliciter de l’arrivée de DP World. Un tel opérateur donne confiance au marché », assure Aboubaker Omar Hadi. Avec l’extension déjà programmée de Doraleh (pour porter sa capacité à 3 millions d’EVP par an), Djibouti, dont l’activité portuaire pèse déjà 65 % du PIB, a toutes les chances de devenir le « hub incontournable entre l’Europe et l’Asie » dont rêve le patron des ports.
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