Ebola : pourquoi il n’y a aucune raison de proscrire la chasse dans de nombreuses régions d’Afrique

Les chasseurs africains sont montrés du doigt : ils feraient courir à toute la communauté le risque d’une épidémie d’Ebola. La consommation de viande de brousse est déconseillée dans toute l’Afrique, quand elle n’est pas interdite et sanctionnée. Sans aucun fondement scientifique.

Un homme célébrant la fin d’Ebola au Liberia en mai 2015. © Abbas Dulleh / AP / SIPA

Un homme célébrant la fin d’Ebola au Liberia en mai 2015. © Abbas Dulleh / AP / SIPA

BS
  • Bernard Seytre

    Directeur de bnscommunication, professeur associé à l’université Senghor.

Publié le 15 décembre 2015 Lecture : 1 minute.

Dans la nature le virus Ebola circule chez plusieurs espèces de chauves-souris dont l’aire de répartition s’étend sur certaines régions de 22 pays, où vivent un peu plus de 22 millions d’habitants, soit 2,3 % seulement de la population subsaharienne. 97,7 % des Africains ne courent aucun risque et il n’y a aucune raison de proscrire la chasse dans la majorité du Nigeria, du Bénin, du Togo ou du Ghana, et sur tout le territoire du Sénégal, du Mali ou du Niger, pour ne prendre que quelques exemples.

Charognage

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Mais, en plus, il est loin d’être démontré que la chasse joue un rôle dans la transmission du virus de la chauve-souris à l’homme. Le premier malade de l’épidémie actuelle est un enfant de deux ans, contaminé en jouant dans un arbre creux colonisé par des chauves-souris. Quand des hommes ont été infectés par des animaux terrestres en Afrique centrale, il s’agissait de chimpanzés, de gorilles ou, quelques rares fois, d’antilopes trouvés morts, ce qui n’est pas de la chasse mais du charognage.

Mettons, bien sûr, en garde contre les risques représentés par la viande de brousse, même si des articles scientifiques indiquent que la transmission de la chauve-souris à l’homme s’effectue probablement par la salive ou les déjections… mais en nous contentant de déconseiller la chasse aux chauves-souris aux 22 millions d’Africains exposés et le charognage aux quelques centaines de milliers  d’entre eux qui vivent dans des forêts où on trouve encore des gorilles et des chimpanzés.

Messages erronés

Les messages erronés sur la viande de brousse détournent des véritables messages de prévention et privent des centaines de milliers d’Africains d’une source majeure de protéine.

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Il est temps de remettre à l’heure les pendules de la communication sur ebola !

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