Standard Bank se replie… pour mieux se déployer
Fini les aventures en Argentine et en Russie. Le groupe sud-africain Standard Bank se recentre sur l’Afrique. Et pour donner un coup de fouet à son développement, il va recruter entre 3 000 et 4 000 employés en deux ans.
Le sud-africain Standard Bank est en pleine campagne de recrutement. Après des tentatives infructueuses d’implantation en Russie et en Argentine, le premier groupe bancaire africain (157 milliards d’euros de total de bilan en 2011, près de 51 000 salariés) recentre ses opérations de développement sur le continent, où il s’est fixé l’objectif ambitieux d’embaucher de 3 000 à 4 000 nouveaux salariés dans les deux ans à venir.
Déjà présent dans 17 pays (principalement anglophones), Standard Bank a ouvert à Ajao Estate (Nigeria) sa 500ème agence sur le continent (hors Afrique du Sud). Et sa filiale Stanbic Bank Uganda vient de faire signer le 2 500 000ème client du groupe. En 2011, le nombre des clients a augmenté de 10 % dans ses filiales subsahariennes, contre une progression de 5 % sur son marché domestique. Dans le même temps, le produit net bancaire de ces filiales a grimpé de 17 % (près de 500 millions d’euros), contre 7 % en Afrique du Sud.
« Pour tous ceux qui comptent sérieusement profiter des opportunités de croissance en Afrique, il n’y a pas d’autre voie que de se positionner sur les marchés clés, justifie Jacko Maree, le PDG. Nous avons investi régulièrement depuis vingt ans en Afrique, cette expérience nous aide beaucoup pour nous y déployer de la meilleure des manières. » Mais c’est aussi sous l’impulsion de son principal actionnaire, le chinois Industrial and Commercial Bank of China (20,1 % du capital), et grâce à un important « trésor de guerre » que le groupe bancaire peut dynamiser aujourd’hui sa stratégie de développement sur le continent.
En 2011, Standard Bank a ainsi cédé ses participations dans Standard Bank Argentina et Troika Dialog (Russie), pour un montant de 580 millions d’euros qui sera largement consacré à accroître ses activités africaines. Les capitaux russes ont déjà été rapatriés en Afrique du Sud, tandis que les derniers obstacles pour relocaliser ceux de la cession argentine seront levés d’ici à la fin avril. Par ailleurs, le 10 avril, le groupe a annoncé avoir réduit sa participation de 65 % à 25 % dans sa filiale turque Standard Unlu, mais sans dévoiler le montant de la transaction.
Cette manne a permis au groupe d’investir 85 millions d’euros dans ses filiales subsahariennes en 2011, alors que, jusque-là, son développement hors de ses bases reposait avant tout sur une croissance organique (ce qui ne l’empêchait pas de regarder toutes les opportunités d’acquisition de groupes de dimension panafricaine). « L’an dernier, nous avons augmenté le capital de nos filiales au Mozambique, en Zambie et au Ghana. Cette année, nous allons le faire au Kenya, en Tanzanie, à Maurice, en Angola et de nouveau en Zambie et au Ghana », rappelle Ben Kruger, l’un des deux directeurs généraux de la banque.
Concurrence acharnée
Et l’Afrique francophone ? « Nous aimerions bien nous y développer », explique-t-il. Las, seul véritable fait d’armes pour Standard Bank l’an passé dans cette zone : avoir conseillé le gouvernement sénégalais dans l’émission d’un emprunt obligataire de près de 400 millions d’euros. C’est tout… pour le moment. Car les concurrents sud-africains accélèrent aussi leur stratégie panafricaine. First National Bank vient ainsi d’annoncer son intention d’investir 190 millions d’euros dans des opérations en Afrique dans les douze prochains mois.
Les banques sud-africaines vont-elles déplacer leur concurrence acharnée hors des frontières nationales ? En annonçant l’an passé sa décision de réduire de 50 % ses frais sur les opérations bancaires, générant une économie de 50 millions d’euros pour ses clients, Standard Bank a alimenté une rumeur dans le milieu bancaire sud-africain qui lui attribuait la volonté de lancer une guerre des prix dans le pays. L’autorité de régulation du marché s’est saisie du sujet.
Ce sont les bons résultats enregistrés par les banques en 2011 qui ont permis cette offensive commerciale de réduction des coûts. Selon une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), le revenu cumulé des quatre premières banques du pays (Standard Bank, FirstRand, Absa et Nedbank) a progressé de 3 milliards d’euros au second semestre 2011 (+ 8,4 %) par rapport à la même période en 2010.
« C’est sous la pression politique que les établissements sont poussés à offrir des coûts bancaires plus abordables », explique Tom Winterboer, consultant chez PwC Afrique du Sud. « Ce n’est pas une guerre des prix, explique Ben Kruger. Nous avons un modèle de développement durable qui couvre nos coûts de structures et qui bénéficie à nos clients. Cela répond à la demande des consommateurs et augmentera notre compétitivité sur notre marché domestique. » Reste à voir si Standard Bank exportera aussi ce modèle dans le reste de l’Afrique.
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