Les deux journalistes soupçonnés de chantage envers le roi du Maroc attaquent « Le JDD »

Catherine Graciet et Eric Laurent, deux journalistes mis en examen pour chantage et extorsion à l’encontre du roi du Maroc, ont demandé mercredi à la justice de condamner l’hebdomadaire français « Le Journal du dimanche » (JDD) pour atteinte à la présomption d’innocence.

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé le 7 février 2019 six nouveaux walis. © Christophe Ena/AP/SIPA

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé le 7 février 2019 six nouveaux walis. © Christophe Ena/AP/SIPA

Publié le 16 décembre 2015 Lecture : 1 minute.

En cause, le JDD du 30 août, qui évoquait un « enregistrement accablant » et expliquait « comment les deux journalistes avaient fait chanter le roi » Mohammed VI.

« Aucune prudence dans l’expression », a dénoncé devant le tribunal de grande instance de Paris, mercredi 16 décembre, l’un des avocats d’Eric Laurent, Me Vincent Brengarth. Selon lui, l’utilisation du terme « flagrant délit », relative à l’interpellation des deux journalistes, signifie pour le lecteur une « démonstration de culpabilité ».

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Toute possibilité de défense rendue « inaudible »

Ces publications ont « rendu inaudible toute possibilité de défense », a renchéri Me Léa Forestier, dénonçant « une présentation manichéenne ».  En conséquence, les deux journalistes demandent chacun 30 000 euros de dommages et intérêts, et des mesures de publications judiciaires.

Dans cette affaire où Catherine Graciet et Eric Laurent sont soupçonnés d’avoir monnayé l’abandon d’un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat, le JDD avait retranscrit un échange, censé avoir eu lieu entre Eric Laurent et un avocat du royaume, enregistré par ce dernier :

« Vous voulez quoi ? demande l’avocat.

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– Je veux trois.

-Trois quoi, trois mille ?, interroge l’avocat.

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-Non, trois millions.

-Trois millions de dirhams ?

-Non, trois millions d’euros. »

Un « carnage médiatique »

Des termes qui « ne figurent absolument pas dans le dossier pénal », a souligné Me Brengarth, soulignant que la retranscription officielle décrit certains passages comme inaudibles. « C’est le cœur du dossier », « qui a commencé, qui a fait quoi? », a souligné le conseil de Catherine Graciet, Me Eric Moutet. Pour lui, le JDD a donné « le la à l’hallali », dénonçant un « carnage médiatique ».

« Tentative de diversion », a rétorqué pour le JDD Me Christophe Bigot : « que ce soit, deux millions, trois millions ou 80 000 euros », somme remise aux journalistes, « ça suffit pour caractériser la tentative de chantage« . Si vous condamnez, « vous tuez la liberté de l’information » dans une procédure judiciaire, a-t-il lancé aux juges. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 17 février.

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