Exposition : « In Between Wars », quand MSF dénonce la situation en Palestine
Du 15 au 23 Décembre, « In Between Wars », installation interactive de Médecin sans frontières France, est ouverte au public à partir de 14h à la maison des Métallos à Paris (11e). L’exposition, un labyrinthe de 60 m2, laisse voir et entendre le quotidien du pays à travers des photos et des témoignages sonores de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Le projet « In Between Wars » est né en 2014 après l’opération « Bordure Protectrice » du ras-le-bol de Médecin sans frontières (MSF), témoin de longue date du conflit israélo-palestinien. « L’objectif de cette exposition est de se recentrer sur ce que les hommes et les femmes vivent au quotidien dans ces territoires et de montrer que ce sont eux qui subissent les conséquences d’une non résolution au conflit » explique Samantha Maurin, coordinatrice du projet et responsable du service de production chez MSF France. Décrire la détérioration progressive des conditions de vie des Palestiniens, parler des difficultés de la vie de tous les jours de cette population, et pas seulement en temps de guerre. « Quand des bombes tombent, on en parle beaucoup dans les médias mais on ne parle jamais de ce qui se passe sur le terrain entre les guerres. C’est le côté lancinant et récurent de la violence du quotidien sous occupation que l’on a souhaité décrire ici ».
La situation sanitaire à laquelle doit faire face MSF est extrêmement liée au contexte politique où elle intervient et c’est de ce contexte qu’a voulu témoigner l’ONG. « Sur Gaza c’est encore plus spectaculaire : à chaque offensive y a de nouvelles destructions, donc plus de bâtiments détruits avec l’impossibilité de les reconstruire » poursuit celle qui a passé un an sur le terrain à travailler sur ce projet. À travers différentes pièces qui reprennent des lieux de vie quotidiens des palestiniens – la rue, un salon, une salle d’opération, un check-point etc -, le visiteur est amené à se mettre dans la peau d’un Palestinien, le temps de l’exposition. Ce projet, en trois langues (français, anglais et arabe), a vocation à durer dans le temps et à se déplacer hors de France, notamment dans les pays arabes pour susciter le débat autrement. Un mini site permet de prolonger la visite.
Les activités de MSF, qui œuvre en Palestine depuis 1988, ont évolué à partir d’activités de kinésithérapie au tout début pour petit à petit s’adapter jusqu’à maintenant héberger des médecins urgentistes. En appui au système de santé palestinien, MSF fournit dans ses missions des médicaments, des pièces de machines et du personnel soignant. « Les médecins palestiniens sont de vrais héros. À chaque arrivée de patients aux urgences, ils ont peur que ce soit quelqu’un qu’ils connaissent. C’est très dur pour eux de travailler dans ces conditions alors qu’ils sont autant concernés par la situation » raconte Samantha Maurin. Là où le système de santé local prend en charge l’urgent, MSF vient en soutien sur un plus long terme. En Cisjordanie, l’activité principale de l’ONG est le suivi psychologique et à Gaza le post opératoire. « Tout le « main stream » tourne plus ou moins bien, le problème c’est dès que l’on rentre dans le soin spécialisé, que ce soit physique ou psychologique. Et c’est là que MSF vient apporter son aide » explique Audrey Landmann, infirmière et coordinatrice médicale pour MSF en Palestine en 2014.
« C’est extrêmement frustrant d’être infirmière à Gaza parce que l’on voit tout ce qui pourrait être fait qui ne l’est pas pour diverses raisons : la difficulté de faire sortir des patients de la bande de Gaza ou de faire rentrer du matériel médical etc. Comme on a la chance d’être de passage et de pouvoir repartir quand on veut, on a un peu l’impression d’être un visiteur en prison » reprend Landmann. Le personne de MSF, bien que protégé – les coordonnées satellites des hôpitaux ainsi que ceux de leurs trajets sont données aux différentes factions qui doivent en principe les éviter – peut difficilement rester indifférent à la situation qui se déroule sous ses yeux. « Le plus difficile à vivre c’est de voir que l’on empêche une population de se sauver, de mettre ses enfants à l’abri : l’année dernière pendant les bombardements, les Gazaouis étaient bloqués dans la bande de Gaza. On les prévenait des bombardements, mais où pouvaient-ils aller? Il n’y a pas d’abri à Gaza »
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