Maroc : entre congrès national et campagne électorale, les défis des 4 grands partis en 2016

Année charnière pour les principaux partis politiques marocains qui doivent renouveler leurs instances, 2016 sera aussi l’année des élections législatives. Parviendront-ils à concilier ces deux rendez-vous ?

De g. à d., Abdelilah Benkirane, Hamid Chabat, Mustapha Bakkoury et Salaheddine Mezouar. © Paul Schemm/AP/Sipa
Alexandre Dupeyron/JA
Hassan Ouazzani/JA

De g. à d., Abdelilah Benkirane, Hamid Chabat, Mustapha Bakkoury et Salaheddine Mezouar. © Paul Schemm/AP/Sipa Alexandre Dupeyron/JA Hassan Ouazzani/JA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 17 décembre 2015 Lecture : 4 minutes.

Le Parti justice et développement (PJD), l’Istiqlal, le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti authenticité et modernité (PAM) font face à un choix difficile. Les quatre partis ayant le plus d’élus au Parlement marocain, doivent tenir leurs congrès nationaux en 2016 et, en même temps, participer aux élections législatives. Pour concilier les deux échéances, des choix s’imposent.

  • PJD : Benkirane 3 ?

Les amis de Benkirane veulent repousser leur congrès national, normalement prévu en juillet 2016, à une date postérieure aux élections législatives. Le ministère de l’Intérieur n’a pas encore fixé de date pour ces législatives mais elles devraient intervenir, en toute logique, avant la rentrée parlementaire du mois d’octobre.

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« Nous pensons tenir notre congrès juste après cette rentrée parlementaire, en décembre. Il revient à notre conseil national qui se tiendra en janvier d’entériner ce choix », déclare un membre du bureau politique du parti de la lampe. En effet, 2016 coïncide avec la fin du deuxième du secrétaire général du parti Abdelilah Benkirane et les pjdistes ne veulent pas se préoccuper de sa succession pour ne pas rater la bataille de l’hémicycle.

Je reste si on me le demande », répond-il habilement

Benkirane briguera-t-il un troisième mandat ? Il ne confirme pas cette piste. Et il ne la réfute pas non plus. « Je reste si on me le demande », répond-il habilement. Si « les frères » s’accordent à garder leur chef, il faudra amender les statuts du parti afin de lui permettre de rempiler pour un troisième mandat. S’ils décident d’en choisir un autre, trois profils (les mêmes comme à chaque congrès du parti) sont en vue : Saâd Eddine El Othmani, Mustapha Ramid ou encore Abdelaziz Rebbah. 

  • Au PAM, le challenger de Bakkoury

Le Parti authenticité et modernité (PAM) a tranché. Il tiendra son congrès national du 22 au 24 janvier 2016. Qui succédera à Mustapha Bakkoury, l’actuel secrétaire général ? La question est ouverte. Même si ce dernier est bien apprécié par ses collègues, il n’a pas la carrure pour résister aux assauts du PJD, l’ennemi juré du PAM. À côté d’une bête politique comme Abdelilah Benkirane, son discours manque de force.

En coulisses, il dit encore hésiter

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Au sein même de son parti, Bakkoury pourrait faire face à un challenger de taille : son adjoint Ilyas El Omari, plus fort que jamais avec le nouveau groupe de presse qu’il vient de lancer. Le nouveau Murdoch marocain, à qui on prête des amitiés haut placées au sein du sérail marocain, a mis sur le marché 6 titres de presse à la fois. Autant de canaux d’influence. Dans les coulisses, le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima dit à ses proches qu’il hésite encore quant à une éventuelle candidature à la tête du PAM.

Dans cette bataille, on évoque aussi les noms de l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Ahmed Akhchichen, et de l’ancienne maire de Marrakech, Fatima-Zahra Mansouri, qui pourraient bien créer la surprise.

  • Istiqlal : Chabat n’en démord pas

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Non seulement Hamid Chabat a pu désamorcer un putsch qui allait lui coûter son poste de secrétaire général de l’Istiqlal, mais, en plus, il ne cache pas son ambition de briguer un deuxième mandat. En novembre, il a failli être destitué par ses collègues en raison de ses sorties médiatiques contradictoires avec les principes du parti. Mais, à la dernière minute, à l’issue d’un conseil national extraordinaire, il a réussi à maîtriser ses contestataires.

Retarder le congrès

Sa longévité à la tête de l’Istiqlal n’est pas pour autant gagnée puisque le parti nationaliste doit, conformément à ses statuts, tenir son congrès national en juin. Comme le PJD, la question que se posent les Istiqlaliens est de savoir s’il vont tenir leur congrès à cette date ou le repousser après les élections législatives. Et c’est la deuxième hypothèse qui semble l’emporter. « Retarder notre congrès permettra à nos candidats de mener tranquillement leur campagne électorale », justifie un membre du bureau politique.  

  • RNI : les liaisons dangereuses

Au sein du parti de la colombe, le débat du moment ne porte pas sur la tenue du congrès national qui doit intervenir en avril mais sur le respect des règles de fonctionnement d’une formation politique. Aucune réunion du conseil national, qui est le parlement du parti, ne s’est tenue cette année alors que la loi interne en prévoit deux.

En plus, le RNI ne dispose pas de structures dédiées à la jeunesse et aux femmes. « C’est la cacophonie totale. Nous sommes désemparés », confie une militante du parti. À en croire ses proches, le secrétaire général, Salaheddine Mezouar, serait très occupé par sa fonction de ministre des Affaires étrangères qui ne lui laisse pas le temps de gérer le parti au quotidien.

Mais on lui reproche surtout ses liens étroits avec le PAM. « Lors des élections locales du 4 septembre, le RNI s’est désisté en faveur du PAM dans plusieurs régions, perdant ainsi de précieux sièges qui auraient pu améliorer notre score électoral », se désole un militant du parti.

Une alliance contre-nature qui ne passe plus chez les barons du parti

Le RNI fait partie de la majorité gouvernementale alors que le PAM est dans l’opposition ; une alliance contre-nature qui ne passe plus chez les barons du parti, les mêmes qui ont porté Mezouar à la tête du RNI en 2012. « Les dinosaures du RNI ne veulent pas que Mezouar parte car ils n’ont personne à proposer à sa place. Le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch, le plus apte à lui succéder, n’est plus membre du parti. Ce qu’ils veulent, c’est faire pression sur lui afin qu’il marque ses distances par rapport au PAM », explique-t-on au sein du RNI. 

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