Viols d’enfants en Centrafrique : « échec flagrant de l’ONU », selon des experts indépendants
Le groupe d’experts indépendants, mis en place en juin par Ban Ki-moon, a dénoncé jeudi un « échec flagrant de l’ONU » dans la gestion des accusations de viols d’enfants par des soldats français et africains en République centrafricaine.
Dans un rapport d’une centaine de pages, publié le 17 décembre, le groupe de trois experts indépendants, présidé par la juge canadienne Marie Deschamps, fait état de dysfonctionnements au sein de l’ONU, sur place à Bangui ainsi que de la part de hauts responsables à Genève et à New York après la révélation de l’affaire des viols présumés des enfants centrafricains par les soldats français.
« Le résultat final a été un échec flagrant de la part de l’institution à réagir à ces accusations de manière significative », souligne le rapport, ajoutant que « la manière dont des agences de l’ONU ont réagi à ces accusations a été entachée de graves défauts ».
Très attendu, le document critique en particulier l’ancien chef de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), le Sénégalais Babacar Gaye, qui a démissionné en août. Il critique aussi des responsables de l’Unicef à Bangui et du Haut commissariat pour les droits de l’homme de l’ONU « pour ne pas avoir transmis les accusations à leurs supérieurs hiérarchiques, ou ne pas avoir pris assez vite des mesures pour protéger ou aider les enfants ».
« Les informations sur ces accusations sont passées de bureau en bureau (…), personne ne voulant prendre la responsabilité de traiter ces graves violations des droits de l’homme, affirme le rapport.
Ban Ki-moon prend acte
Dans un long communiqué, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui avait nommé le groupe d’experts en juin dernier, a pris acte des conclusions générales du rapport et a promis d’en tirer les conséquences sans délai.
Il a exprimé son « profond regret que ces enfants aient été trahis précisément par les gens envoyés pour les protéger ».
Ban Ki-moon rappelle aussi qu’il revient « aux pays dont des Casques bleus fautifs sont originaires de les sanctionner, ce que trop souvent, a-t-il dit, ces pays ne font pas ou pas assez vite ».
« Beaucoup reste à faire, notamment de la part des États membres [de l’ONU] pour éradiquer ces odieux abus sexuels devenus trop fréquents, par des soldats et des civils de l’ONU ainsi que par des membres d’autres organisations de maintien de la paix », a estimé de son côté le Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, dans un communiqué.
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