Rwanda : jour de référendum en vue d’offrir à Kagamé la possibilité de se représenter
Les Rwandais ont commencé à voter vendredi au référendum qui devrait sans surprise autoriser le président Paul Kagamé à briguer un nouveau mandat. Et à potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.
Le soleil était à peine levé que de longues files s’étiraient déjà devant les bureaux de vote. Quelque 6,4 millions doivent y répondre par oui ou non à la question : « Êtes-vous d’accord avec la Constitution de la République du Rwanda telle que révisée pendant l’année 2015 ? ».
Paul Kagamé jusqu’à 2034 ?
But du référendum : approuver les nouveaux articles 101 et 172 autorisant potentiellement Paul Kagamé, 58 ans, à se maintenir au pouvoir pendant 17 ans supplémentaires. Le nouvel article 101 continue de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, tout en abaissant sa durée de sept à cinq ans.
Mais parallèlement, un nouvel article 172 stipule que la réforme n’entrera en vigueur qu’après un nouveau septennat transitoire, entre 2017 et 2024, « compte tenu des pétitions présentées par le peuple rwandais ». Le président sortant y sera donc éligible, de même que légalement aux deux quinquennats suivants.
Il fait peu de doutes que le « oui » devrait l’emporter largement. La révision est présentée comme une initiative populaire par les autorités, 3,7 millions de Rwandais ayant demandé par pétition un maintien au pouvoir de Paul Kagamé après l’expiration en 2017 de son mandat, le dernier que lui permet l’actuelle Constitution.
Pas de campagne pour le non
L’initiative est soutenue par l’ensemble des partis politiques homologués au Rwanda. À la seule exception du Parti démocratique vert, qui a toutefois renoncé à faire campagne pour le non, estimant trop court le délai de 10 jours entre l’annonce du référendum et le vote.
La Constitution révisée a été publiée jeudi sur le site du Parlement et des campagnes d’explication organisées depuis une semaine. Mais nombre de Rwandais admettent ne pas connaître le détail de la révision et répondre à la seule question qui compte : oui ou non au maintien au pouvoir de Paul Kagamé, élu en 2003 et réélu en 2010 ?
Accusations et critiques contre Kagamé
Les observateurs doutent de la spontanéité de l’engouement populaire pour cette révision, dans un pays souvent pointé du doigt pour son manque d’ouverture politique et ses entraves à la liberté d’expression. En juin, les États-Unis s’étaient également publiquement opposés à un éventuel troisième scrutin.
Des accusations et des critiques balayées par Paul Kagamé, assurant que sa décision de se représenter en 2017 ne dépendrait que du résultat du référendum. « Les résultats provisoires seront publiés vendredi soir et les résultats finaux sont attendus avant lundi », a annoncé le secrétaire exécutif de la Commission électorale nationale, Charles Munyaneza.
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