Les levées de fonds déferlent sur la Place de Tunis
Kais Kriaa est stratégiste chez AlphaMena.
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Kais Kriaa
Kais Kriaa est directeur de la recherche chez AlphaMena.
Publié le 3 mai 2012 Lecture : 2 minutes.
C’était attendu, mais l’ampleur et la succession des annonces d’augmentations de capital (bien évidemment celle par voie de souscription) ont surpris. En outre, un autre élément de surprise est le fait que l’annonce de ces levées de fonds ne concerne pas un seul secteur, alors que les attentes étaient plutôt concentrées sur le secteur financier en particulier les établissements de crédit tunisiens.
Ces opérations risquent d’être suivies par de nouvelles annonces, ce qui fera de 2012, l’année des recapitalisations.
Dans un souci de précision, deux parmi les six opérations ont déjà été annoncées en 2011. Il s’agit de Sotuver, où la levée de fonds globale de 5,526 millions de dinars tunisiens (2,7 millions d’euros) servira à financer partiellement le doublement de sa capacité de production, et de Tunis Ré, une importante opération de 60 millions de dinars tunisiens (pour une capitalisation avant détachement de 99,9 millions), nécessaire pour pouvoir attaquer les marchés internationaux.
Vraisemblablement, la levée de fonds de Tunis Ré en 2012 sera suivie par une autre grande opération en 2013 (pour le moment, le management parle d’une augmentation de capital réservée à un partenaire technique). En ce qui concerne les opérations qui ont été récemment annoncées, la plus importante sans doute est celle de la Société tunisienne de banque (STB).
La banque publique espère lever plus de 162,72 millions de dinars tunisiens (en deux tranches entre 2012 et 2013) pour une capitalisation boursière de 247,357 millions de dinars tunisiens, soit la plus importante recapitalisation jamais réalisée sur la Place de Tunis. A noter qu’environ 53% de cette recapitalisation doit être apportée par l’État tunisien (directement ou indirectement), un véritable souci pour l’actuel gouvernement surtout que la STB ne devrait pas être la seule entreprise publique à recourir à une augmentation de capital.
330 millions de dinars.
Les choses ne sont pas différentes pour la filiale spécialisée dans le leasing de la STB, El Wifack Leasing. Cette dernière a annoncé une augmentation de capital de 13 millions de dinars tunisiens (il y aura également une deuxième tranche dont les détails n’ont pas été communiqués, hormis le nombre d’actions soit 1 million d’actions).
Cet appel au compartiment « actions » traduit les difficultés des loueurs à trouver des ressources, puisque même les sorties sur le marché obligataire sont très difficiles à réaliser, vu que les principaux bailleurs de fonds sont les banques qui pâtissent de l’assèchement de la liquidité sur le marché monétaire. Toujours dans le compartiment des financières, nous avons également l’opération SITS, une levée de fonds de 7,8 millions de dinars tunisiens (la capitalisation du promoteur immobilier se situe à 48,88 millions).
Enfin, Carthage Cement a annoncé une recapitalisation de 80 millions de dinars tunisiens, dans le cadre d’un financement complémentaire de 140 millions (dont 20 millions pour financer intérêts intercalaires à échoir avant la date du 15 mars 2013) nécessaire pour achever la construction de la cimenterie.
L’impression est que ces opérations déjà annoncées risquent d’être suivies par de nouvelles annonces, ce qui fera de 2012, l’année des recapitalisations (330 millions de dinars tunisiens sont déjà annoncés contre 588 millions de dinars d’augmentations de capital cumulées sur la période 2008-2011). Trouver les ressources sera certainement une mission extrêmement ardue.
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