Necotrans affiche la couleur
Sa culture de la discrétion ne l’a pas servi dans le conflit avec Bolloré en Guinée. Simplification organisationnelle, nouvelle identité visuelle, unification des marques… Pour l’opérateur portuaire français, l’heure est à l’offensive.
Necotrans passe à l’offensive. Obligé de défendre chèrement ses positions face à une concurrence prête à jouer de toutes ses influences, le groupe français de transport et de logistique fondé en 1985 change de stratégie. Après avoir longtemps assuré le développement de ses activités le plus discrètement possible, l’opérateur a décidé de « sortir de sa tanière », selon la formule de Grégory Quérel, président du directoire. « Nous devons assurer nos arrières en veillant à améliorer notre visibilité », confirme Abdel Aziz Thiam, vice-président du groupe.
Déménagement
Comme un symbole, l’état-major du holding vient de vider les appartements haussmanniens de la rue Pierre-Charron pour emménager derrière les larges baies vitrées de ses locaux flambant neufs, avenue George-V, toujours dans le 8e arrondissement de Paris. Il faudra certainement plus qu’un simple pâté de maisons pour changer de vieilles habitudes, mais Necotrans semble cette fois prêt à assumer son statut. « À nous d’apparaître tels que nous sommes », insiste Grégory Quérel.
Necotrans." src="https://www.jeuneafrique.com/images/stories/JA2676-Necotrans.jpg" height="300" width="85" />Deuxième réseau logistique intégré d’Afrique, Necotrans emploie 3 500 personnes dans ses 80 agences disséminées sur une trentaine de pays à travers le monde. Le groupe n’a pas à rougir de ses résultats. Son chiffre d’affaires a augmenté de 67 % depuis 2005, pour culminer l’an dernier à 836 millions d’euros. Le problème, c’est que personne ne le sait, et, devant un poids lourd comme Bolloré, rompu à l’exercice médiatique, Necotrans n’a jamais semblé aussi petit que pendant l’affaire du port de Conakry (lire encadré). « Même le président Alpha Condé ne nous connaissait pas vraiment », confie Pierre-André Wiltzer, ancien ministre français de la Coopération, aujourd’hui conseiller particulier du président et fondateur du groupe, Richard Talbot.
Poussé à réagir, Necotrans abandonne donc une certaine culture du secret en même temps que sa tradition décentralisée. Au rang des nouvelles priorités, l’envie de communiquer, « et plus seulement en temps de crise », précise le président du directoire. Il annonce d’ailleurs la mise en place d’une direction commune à l’ensemble du holding. Les fonctions transversales, comme les ressources humaines et les services juridiques ou financiers, sont elles aussi réorganisées et mutualisées « afin de rapprocher les équipes et de renforcer en interne l’image de Necotrans et le sentiment d’appartenance au groupe », complète Grégory Quérel.
Mais c’est en direction de l’extérieur que la réflexion lancée depuis six mois s’apparente à une petite révolution.
Bien décidée à concentrer ses forces pour mieux les montrer, la nébuleuse NCT Necotrans aux 70 filiales « souvent mal identifiées » va jouer la transparence en regroupant toutes ses activités sous une seule et même marque. Exit Getma, pourtant bien connue en Afrique, c’est dorénavant sous l’étiquette Necotrans, débarrassée pour l’occasion des lettres NCT, que le groupe exercera ses différents métiers. « En gagnant en simplicité, nous gagnons aussi en crédibilité face à des concurrents internationaux de taille toujours plus conséquente », estime Pierre-André Wiltzer. Le changement de nom s’accompagne d’un nouveau logo – rouge, « dans un secteur maritime généralement fidèle au bleu », rappelle Grégory Quérel – dévoilé début avril.
La nébuleuse NCT Necotrans aux 70 filiales « souvent mal identifiées » va jouer la transparence
Rééquilibrage
Voilà pour la forme. Sur le fond, l’heure est au rééquilibrage, entre une filière portuaire qui pèse 49 % du chiffre d’affaires (voir infographie) et les activités de commission de transport et de logistique pétrolière « en forte croissance ».
Necotrans souhaite en profiter pour diversifier son portefeuille et proposer ses prestations à une autre filière en plein boom sur le continent, le secteur minier. « Nous allons ouvrir un bureau de représentation à Perth, en Australie, avant de nous intéresser au Canada », affirme Grégory Quérel, confirmant au passage la décision du groupe d’élargir sa couverture géographique après s’être implanté ces dernières années en Chine et au Brésil.
Pas question pour autant de réduire la part du continent africain, qui représente deux tiers du chiffre d’affaires. Necotrans continue d’élargir sa toile en s’installant au Mozambique, en RD Congo ou au Liberia, tout en gardant un oeil sur des projets de développement au Maroc ou à Djibouti. Confronté à une concurrence féroce sur le transport de conteneurs, l’opérateur porte une attention soutenue aux terminaux minéraliers, « qui restent à créer en Afrique », selon Abdel Aziz Thiam. Necotrans peut s’appuyer sur sa connaissance du continent « pour être présent où il faut au bon moment », assure Grégory Quérel, qui compte sur les modifications en cours pour voir le groupe familial passer un cap et atteindre, à terme, « le milliard d’euros de chiffre d’affaires ».
Après Conakry, les affaires continuent
En 2008, Necotrans, après avoir remporté un appel d’offres, obtient pour vingt-cinq ans la gestion du terminal à conteneurs du port de Conakry. Mais, en mars 2011, quelques semaines après l’élection d’Alpha Condé, le contrat est rompu par les autorités et attribué de gré à gré à Bolloré. Depuis, Necotrans a assigné son rival devant le tribunal de commerce de Nanterre (France) pour « concurrence déloyale et parasitisme ». Malgré tout, les deux groupes collaborent sur les terminaux du Bénin, du Cameroun et du Gabon dont ils partagent la gestion. « Les relations sont évidemment plus compliquées, mais elles se poursuivent au mieux dans l’intérêt des clients armateurs et des pouvoirs publics qui ont délivré les concessions », assure Grégory Quérel, président du directoire de Necotrans.
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