Salaire des sportifs : ce que gagnent les stars
Pour la première fois, Jeune Afrique publie un classement des athlètes les mieux payés de chaque pays africain. Plongée au coeur du « sport-business ».
À chaque pays son champion du sport… business. Aujourd’hui, les records se chiffrent aussi en millions d’euros. Le classement publié par Jeune Afrique livre pour la première fois l’identité des athlètes les mieux payés dans 45 pays du continent. Qu’ils aient vu le jour sur les hauts plateaux éthiopiens, à Berkane dans le nord-est du Maroc, au coeur des banlieues populaires d’Abidjan ou de Yaoundé, des bataillons d’Africains s’exportent pour animer les championnats de football d’Europe ou d’Asie, la très riche ligue américaine de basket ou les pistes d’athlétisme de Doha, Zurich ou Shanghaï.
Avec Samuel Eto’o, l’Afrique possède même le footballeur le mieux rémunéré de la planète. Le Camerounais a négocié à 20 millions d’euros par an l’or dans ses jambes pour jouer au Daguestan (Russie) et satisfaire les caprices du milliardaire Suleyman Kerimov. Mais tout un monde sépare Eto’o du dernier du classement, le footballeur tchadien Betoligar, avec 16 600 euros par an…
Au-delà des paillettes, les champions africains sont moins flambeurs qu’hier. Leurs billets profitent davantage à leur famille et à leur village, et, en bons pères de famille, ils investissent surtout dans l’immobilier.
Reste que pour un Didier Drogba ou un Yaya Touré, combien compte-t-on d’enfants perdus ! En 2008, des universitaires suisses partis sur la trace de 400 jeunes apprentis footballeurs africains venus en Europe entre 2003 et 2007 ont découvert que la moitié d’entre eux avaient disparu du circuit sportif, transformés pour beaucoup en clandestins. Fin du rêve.
Focus sur 7 athlètes les mieux payés de leur pays. Combien gagnent-ils ?
- Samuel Eto’o (Cameroun- Football) : 20 millions d’euros
À 20 millions d’euros par an – hors primes, droits d’image et revenus publicitaires -,le Camerounais Samuel Eto’o va pouvoir « nourrir sa famille », comme il l’expliquait à l’occasion de son engagement pour trois saisons, en août, au club d’Anjhi Makhachkala, dans la riante République du Daguestan (Russie). Son transfert, qui a rapporté 27 millions d’euros à l’Inter Milan, a été rendu possible grâce aux moyens colossaux de Suleyman Kerimov, le propriétaire milliardaire de l’Anjhi, accessoirement député à la Douma.
La star camerounaise, qui percevait déjà 10 millions d’euros par an à Milan, peut donc assurer sans souci son train de vie somptuaire. Pour des raisons de sécurité, Eto’o ne réside pas à Makhachkala mais à Moscou, où il vit dans un « modeste » appartement de 1 000 m², avec jacuzzi et sauna, et dispose d’un jet privé. Avec son salaire XXL, l’attaquant des Lions indomptables est aujourd’hui le footballeur le mieux payé au monde. Alexis Billebault
- Desagna Diop (Sénégal – Basketball) : 5,348 millions d’euros
Aux États-Unis, l’annonce de son salaire annuel aux Charlotte Bobcats avait soulevé tout un lot d’interrogations en 2008. Le Sénégalais DeSagana Diop, aujourd’hui âgé de 30 ans, ne méritait pas, selon bon nombre d’observateurs, de tels émoluments. Trop fragile physiquement, le joueur des Dallas Maverick a rarement effectué une saison complète en NBA.
Grand (2,13 m), lourd (127 kg), ce pivot né à Dakar n’a cependant pas que des détracteurs. Diop est aussi réputé pour ses qualités de défenseur et son investissement sur le parquet. En février, il a fait le buzz sur internet : son lancer franc contre Washington a été élu – un peu exagérément – comme étant le pire de l’Histoire… Mais aux dernières nouvelles, Michael Jordan, le propriétaire de la franchise Charlotte Bobcats, ne l’a pas sanctionné… A.B.
- Marouane Chamakh (Maroc – Football) : 3,28 millions euros
Financièrement parlant, l’attaquant international marocain a fait une bonne affaire en partant de Bordeaux pour rejoindre Arsenal, en juillet 2010. Il a triplé son salaire. Mais d’un point de vue strictement sportif, l’expérience est moins concluante. Auteur de onze buts (toutes compétitions confondues) lors de sa première saison de l’autre côté de la Manche, Marouane Chamakh n’est pratiquement plus utilisé, à tel point qu’un départ cet été semble de plus en plus probable.
Auteur d’une Coupe d’Afrique des nations 2012 décevante avec les Lions de l’Atlas, il ne devrait pas revenir en France. En dehors du PSG, les clubs capables de lui assurer ses émoluments britanniques ne sont pas légion… A.B.
- Mathias Kiwanuka (Ouganda – Football américain) : 3,089 millions d’euros
En Ouganda, Benedicto Kiwanuka, premier chef du gouvernement en 1962, reste une figure tutélaire de la nation. Une fierté pour son petit-fils Mathias, joueur vedette des New York Giants, vainqueurs en 2012 du Super Bowl.
Né à Indianapolis en 1983, ce rugueux défenseur de 1,96 m et 121 kg voue un véritable culte à ses racines, au point d’avoir fait tatouer le sceau officiel de l’Ouganda sur son dos. Son salaire, qui devrait atteindre 4,1 millions d’euros en 2012, le place parmi les linebackers les mieux payés de la ligue professionnelle de football américain (17e rang sur 74). Une confortable paie, avec laquelle il a financé en 2010 un projet d’adduction d’eau dans le village où vit sa famille maternelle. Julien Clémençot
- Ernie Els (Afrique du Sud – Golf) : 733 000 euros
Malgré une chute de ses revenus entre 2010 (4 millions d’euros) et 2011, ce golfeur sud-africain de 42 ans reste une des stars de la discipline. Celui que l’on surnomme The Big Easy en raison de son 1,91 m et de son swing gracieux a été numéro un mondial à deux reprises, en 1994 et 1997. Un de ses faits d’armes reste sa victoire, en 2002, face à l’Américain Tiger Woods, déjà au sommet de son art.
L’année suivante, les téléspectateurs de SABC 3 le placent à la 37e place parmi les plus grands Sud-Africains de l’Histoire. Lauréat 2003 et 2004 de l’ordre du mérite du Tour européen, il empoche respectivement 2,9 millions et 4 millions d’euros. Ernie Els est propriétaire d’un vignoble à Stellenbosch, dans la région du Cap. Sa fondation, créée en 1999, vise à détecter, dans les milieux modestes, les plus talentueux de ses jeunes compatriotes. Pierre Boisselet
- Nadir Belhadj (Algérie – Football) : 2,146 millions d’euros
En 2010, Nadir Belhadj prenait la direction du Qatar (au club d’Al-Sadd), un pays surtout prisé par les joueurs en fin de carrière. À l’époque, le défenseur algérien, qui évoluait dans le club anglais de Portsmouth (lequel a récupéré 7 millions d’euros au passage), avait expliqué ne pas avoir reçu d’autre proposition.
Né en 1982 en France, Belhadj, passé notamment par Lyon et Lens, a remporté avec Al-Sadd la Ligue des champions d’Asie en 2011. Depuis, plusieurs de ses compatriotes ont rejoint le Qatar, dont Madjid Bougherra et Karim Ziani. Au risque d’agacer Vahid Halilhodzic, le sélectionneur de l’équipe d’Algérie, guère emballé de voir ses internationaux fréquenter un championnat dont la faiblesse est notoire… A.B.
- Tilahun Regassa (Éthiopie – Course) : 246 000 euros
Après les légendaires Haile Gebreselassie (39 ans) et Kenenisa Bekele (29 ans), le prochain champion éthiopien s’appelle sans doute Tilahun Regassa (22 ans). En 2010, il a décroché 225 000 euros grâce à sa victoire au semi-marathon d’Abou Dhabi (59’19 »). Actuellement « lièvre » en marathon pour ses compatriotes, il pourrait bien un jour finir en tête l’épreuve reine de la course à pied et écrire un nouveau conte de fées à l’éthiopienne.
Abandonné par sa mère à l’âge de 3 ans, il a perdu son père à 15 ans. Il a vécu dans la rue, travaillé dans une carrière et souffert de la faim avant d’être « secouru » par la fédération nationale. Chez lui, il a remporté la Great Ethiopian Run de 2009, à Addis-Abeba, avec un temps record de 28’36 ». Nicolas Michel
Retrouvez ici le classement complet des sportifs les mieux payés de leur pays
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