Réseaux sociaux, le match des pros
L’un, en partie payant, se veut « global » et compte 2 millions d’inscrits en Afrique. L’autre, totalement gratuit, revendique une spécificité continentale et a conquis 250 000 membres. Double-clic sur Viadeo et LinkedAfrica.
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Il y avait de toute évidence un créneau à prendre, mais le succès de son site a dépassé les attentes de Nicolas Bussard. « L’Afrique n’est pas assez structurée au niveau de l’emploi et du business. Mais nous ne pensions pas que ce serait si populaire », se réjouit le PDG de LinkedAfrica. En ligne depuis janvier 2011, ce réseau social professionnel compte 250 000 adhérents au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Nigeria, au Ghana, au Kenya… et dans les pays de la diaspora (France, Belgique, États-Unis, Canada…).
Les fonctionnalités du site sont toutes gratuites, contrairement à Viadeo, dont un premier bureau a été ouvert à Dakar en mars 2011. « Notre réseau est un peu d’utilité publique », explique Nicolas Bussard. De fait, chez LinkedAfrica, il n’est pas question de chiffre d’affaires, car la société vit des autres activités de sa maison mère – dont l’identité est gardée secrète. À terme cependant, la création de services payants (comme l’aide à l’écriture de CV) est envisagée.
Comment les deux concurrents basés à Dakar se perçoivent-ils ? « Je ne considère pas LinkedAfrica comme un réseau en tant que tel. Un réseau doit être global et ne pas se limiter à un continent. Actuellement, nous sommes le seul réseau social à dimension mondiale présent en Afrique », souligne Chams Diagne, le responsable de Viadeo Africa. Avec 2 millions d’inscrits sur le continent, Viadeo Africa « recrute » surtout au Maghreb – un deuxième bureau a ouvert en janvier au Maroc -, mais aussi en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Chez LinkedAfrica, on met justement la spécificité continentale en avant : « Notre positionnement est 100 % africain, c’est important car l’Afrique fait peur aux investisseurs qui ne savent pas par où commencer un business ici », indique Nicolas Bussard. LinkedAfrica revendique un système « non élitiste », avec des membres issus aussi bien de la banque ou du marketing que des BTP ou de l’hôtellerie.
Mais ces réseaux sociaux professionnels attirent surtout les cadres. « Cela leur permet de se jauger et de faire une veille, car les CV sont ouverts », précise Nicolas Bussard. Même objectif chez Viadeo Africa : « Les cadres peuvent se donner de la visibilité, être à l’écoute du marché sans forcément montrer qu’ils sont à la recherche active d’un emploi », déclare Chams Diagne.
Génération 3G
Une chose est sûre : le créneau est bon, alors que l’accès à internet se développe via la 3G. Les connexions ont bondi de 680 % par rapport à 2010, selon l’Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal (Osiris). « Ces réseaux professionnels touchent surtout ceux qui travaillent dans les nouvelles technologies, l’informatique, les télécoms. Pour ces personnes, il est important d’être impliqué dans des réseaux, au-delà des sites de petites annonces. C’est aussi une bonne façon pour les recruteurs de trouver des employés ouverts, tournés vers les innovations », signale Olivier Sagna, secrétaire général d’Osiris. Ce que confirme Mohamed Sokona, ingénieur à Bamako et inscrit sur ces réseaux : « Cela m’a permis d’élaborer des projets et d’identifier des personnes ressources avec qui j’ai pu travailler. »
Viadeo et LinkedAfrica veulent développer des partenariats offline et apporter des offres plus élaborées à leurs membres. Pour Viadeo Africa, cela passera notamment par des projets au Sénégal. « Nous allons réaliser des partenariats avec un opérateur téléphonique, avec le patronat, avec des journaux, pour démultiplier la visibilité de leurs offres », annonce Chams Diagne. Chez LinkedAfrica, « au-delà des services d’accompagnement professionnel que nous proposons à nos adhérents, nous voudrions proposer aux universités d’inviter leurs élèves actuels et passés pour créer un réseau professionnel », affirme Nicolas Bussard. À suivre
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