Guy M’Bengue, 100 % lobbyiste
Le directeur général de l’Apex-CI revendique un rôle d’ambassadeur pour l’économie nationale. En 2012, il entend attirer vers la Côte d’Ivoire l’aide américaine au développement.
Dans une Côte d’Ivoire à l’arrêt pendant une décennie, Guy M’Bengue, 62 ans, fait figure d’exception. Les crises successives n’ont pas entamé son enthousiasme, et son indépendance politique l’a, autant que possible, tenu à l’écart des luttes fratricides. Nommé directeur général de l’Association pour la promotion des exportations de Côte d’Ivoire (Apex-CI) dès sa création en 1998, il est, quatre présidents de la République plus tard, toujours à la tête de l’organisation.
Au moment où le gouvernement affine sa stratégie de redécollage, cet ancien directeur Afrique du cabinet de conseil Bernard Krief, titulaire d’un MBA de l’Institut européen d’administration des affaires (Insead, France), est un des relais de l’État dans sa politique économique extérieure. À ceux qui jugent son action limitée, il répond : « J’ai largement dépassé ma feuille de route initiale. Sous mon impulsion, l’Apex-Ci joue un rôle dans la promotion du secteur privé, milite pour l’intégration régionale et est en train de déployer au niveau international une centaine de conseillers du commerce extérieur pour promouvoir les entreprises ivoiriennes. »
Mais l’affaire du moment pour ce lobbyiste revendiqué, c’est surtout l’éligibilité de son pays au Millennium Challenge Account (MCA), un fonds américain d’aide au développement, déjà actif dans 19 États africains comme le Sénégal ou encore le Bénin. L’affaire est en bonne voie puisque la Côte d’Ivoire bénéficie à nouveau, depuis novembre 2011, de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa), qui supprime les droits de douane et les quotas d’exportation vers les États-Unis sur certains produits africains.
Plan de bataille
Pour bénéficier des fonds du MCA – Guy M’Bengue table sur 500 millions de dollars, soit près de 380 millions d’euros -, Abidjan doit encore satisfaire un certain nombre de critères dans les domaines de la liberté économique et de la gouvernance. Un séminaire gouvernemental devrait, d’ici à quelques jours, déterminer les actions prioritaires à mener pour y arriver – par exemple aménager le code civil afin d’assurer dans les textes l’égalité hommes-femmes. Autre chantier d’importance : la lutte contre la corruption, avec la probable création d’une haute autorité indépendante chargée de cette question. Le plan de bataille de Mister M’Bengue sera-t-il à la hauteur des attentes des autorités américaines ? Réponse en novembre prochain.
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