Mohamed Frikha veut faire décoller Sfax

En lançant la compagnie aérienne Syphax Airlines et un institut d’études, Mohamed Frikha, le patron de Telnet, leader dans le secteur des SSII, veut dynamiser sa ville natale.

À 48 ans, Mohamed Frikha est l’un des entrepreneurs les plus en vue du pays. © D.R.

À 48 ans, Mohamed Frikha est l’un des entrepreneurs les plus en vue du pays. © D.R.

Publié le 11 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

 Tarmac de l’aéroport de Sfax, le 16 mars. C’est en grande pompe, en présence du président tunisien Moncef Marzouki, que Mohamed Frikha réceptionne les deux premiers appareils de la toute jeune compagnie aérienne privée qu’il a créée pour dynamiser sa région natale. Les deux Airbus A319, acquis pour 55 millions de dollars (42 millions d’euros), ont été baptisés Horria (« liberté ») et Karama (« dignité »).

Son projet de désenclaver le premier pôle économique de Tunisie se concrétisera, dans quelques semaines, avec huit rotations quotidiennes qui relieront Sfax à la Libye, au Maroc, à la France, à l’Italie, à la Belgique et à la Turquie. Avec les premiers vols de Syphax Airlines, dotée d’un capital de 10 millions de dinars (5 millions d’euros) et dont il détient 25 % (l’identité des autres actionnaires n’a pas encore été révélée), Mohamed Frikha a pris de court un secteur aérien qui hésite à ouvrir de nouvelles liaisons dans le ciel tunisien.

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Profil

• Né à Sfax en 1963

• Diplômé de Polytechnique et de l’École nationale supérieure des télécommunications, à Paris

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• Ancien cadre du groupe Alcatel, en France et en Tunisie

• Cofondateur de Telnet en 1994

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En vue

 

Dans un contexte économique plombé par les effets du Printemps arabe et de la crise mondiale, il est, à 48 ans, l’un des entrepreneurs les plus en vue du pays. Formé à Paris dans les années 1980, l’homme d’affaires n’a pas froid aux yeux. En pleine période révolutionnaire, il a réalisé avec succès l’unique introduction à la Bourse de Tunis en 2011, levant 40 millions de dinars avec l’ouverture du capital de Telnet Holding, qu’il a cofondé en 1994.

 

Ce qui n’était au départ qu’une start-up portée par sept ingénieurs se déploie aujourd’hui sur quatre sites en Tunisie et un bureau à Paris. Telnet a affiché entre 2005 et 2010 une croissance annuelle moyenne de 30 %. Pour 2011, il doit annoncer un chiffre d’affaires de 33,6 millions de dinars, contre 29 millions en 2010 et 22,6 millions en 2009. Une activité générée par le développement de logiciels de conception assistée par ordinateur, de systèmes électroniques et de réseaux télécoms destinés à l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, la mécanique, la sécurité… Les multinationales françaises assurent les trois quarts des revenus du groupe.

L’innovation est au coeur du développement de Telnet, pionnier en de nombreux domaines : premier groupe tunisien doté d’un conseil scientifique d’innovation ; première entreprise maghrébine certifiée CMMI niveau 5 (cadre de référence international des bonnes pratiques dans l’ingénierie) ; et première société au sud de la Méditerranée à s’être équipée d’un technocentre.

Les deux airbus A319 ont été baptisés Horria et Karama. « Liberté » et « dignité ».

« Nous devons nous différencier du service de masse qu’offrent l’Europe de l’Est, l’Asie et l’Amérique latine par des compétences de très haut niveau, affirme le patron. Nous ne pouvons avoir ces compétences que par l’innovation. Nous allons pour cela passer de 500 à 1 000 ingénieurs d’ici à trois ou quatre ans. »

Mais pour l’heure, le développement de sa région est la principale préoccupation de Mohamed Frikha. Il veut tenter de répondre aux revendications portées par la révolution. Avec l’homme politique Mansour Moalla, il est en train de lancer un institut d’études portant sur les projets de développement de la région de Sfax. « En plus des efforts de l’État et de ses différentes structures, les hommes d’affaires doivent être précurseurs et prendre en charge un certain nombre de projets. Il faut entamer leur concrétisation si leur rentabilité est prouvée », assène-t-il. Sourd à ses détracteurs qui le taxent de régionalisme, le patron de Telnet conseille simplement aux jeunes d’« oser entreprendre ».

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