Michaela DePrince, orpheline de la Sierra Leone et star du Ballet national des Pays-Bas

L’Américaine Michaela DePrince, née au beau milieu de la guerre civile en Sierra Leone, incarnera l’héroïne de Casse-noisette, le conte de Tchaïkovski, le 28 décembre prochain, à l’Opéra national des Pays-Bas.

Michaela DePrince, à Johannesburg (Afrique du Sud). Photo prise le 10 juillet 2012 © Denis Farrell/AP/SIPA

Michaela DePrince, à Johannesburg (Afrique du Sud). Photo prise le 10 juillet 2012 © Denis Farrell/AP/SIPA

Publié le 22 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

À moins d’une semaine de la première représentation, la jeune prodige qui fêtera son 21ème anniversaire au mois de janvier prochain, ne cache pas sa joie et son impatience. Sur son compte Instagram suivi par quelques 92 000 abonnés, la danseuse multiplie les poses en costume de ballet, et montre les coulisses de ses entraînements.

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Se battre contre les préjugés raciaux

« Étant enfant, je rêvais de danser le rôle de Marie (appelée Clara dans la version du chorégraphe George Balanchine) » confiait-elle le 24 novembre 2015, sur son compte Instagram. À l’époque, ce rôle lui avait échappé car « le monde n’était pas prêt pour une Marie noire », relate la ballerine, avant de remercier Ted Brandsen, le directeur artistique du Ballet national des Pays-Bas qu’elle a rejoint en août 2014, « de croire que le monde est fin prêt pour une Clara noire ».

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Une Clara déjà incarnée un an plus tôt par Misty Copeland, célèbre danseuse de l’American Ballet Theatre de New York, et surtout, la première étoile afro-américaine à avoir été promue à ce titre au mois de juillet dernier, qu’elle admire et dont elle suit les pas.

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« Quand j’étais enfant, je me rappelle de l’un des directeurs qui disait : ‘on ne met pas beaucoup d’efforts dans les petites filles noires, parce qu’elles finissent par devenir grosses’», confiait-elle dans une interview accordée au Guardian au mois de février dernier.

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Aux États-Unis, plus qu’en Europe, « je dois me battre avec le fait que je suis noire » expliquait-elle au quotidien britannique. Et, sur ce terrain, les choses ne bougent pas . « Il n’y a pratiquement  pas de Noirs dans la danse classique », regrette la jeune femme qui mesure l’importance de s’exprimer sur ce sujet.

De la guerre civile en Sierra Leone au Ballet National de Hollande

N’en démord la trajectoire fulgurante de la jeune danseuse, née en Sierre Leone, en 1995, en pleine guerre civile. Adoptée à l’âge de 4 ans, par un couple d’Américains, elle garde un souvenir douloureux de ses années d’enfance.

À l’orphelinat où elle a été placée à la mort de son père, tué par les rebelles, et de sa mère, de malnutrition, elle  est surnommée « l’enfant du diable » à cause du vitiligo dont elle est atteinte – une maladie qui dépigmente certaines parties de sa peau. Son désir de faire de la danse classique date de cette époque, lorsqu’ elle découvre, par hasard, une couverture de magazine représentant une ballerine.

Des souvenirs qu’elle raconte dans son livre autobiographique – Taking Flight. From war orphans to star ballerina (Prendre son envol. D’orpheline de guerre à ballerine star, ndlr)-  qu’elle a co-écrit avec sa mère adoptive. La jeune femme n’est jamais retournée en Sierra Leone. « Il y a toujours des blessures que j’ai besoin de guérir » admet-t-elle au quotidien britannique, sans tirer un trait sur son rêve d’y construire une école d’arts.

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