RDC – Franck Mwe Di Malila : « Nous ne voulons ni opposition extrémiste, ni fondamentalistes de la majorité »

Le vice-ministre congolais à la Coopération internationale et à l’Intégration régionale, Franck Mwe Di Malila, réitère l’importance d’un dialogue entre le pouvoir et l’opposition, désormais réunie en un « Front citoyen 2016 ». Interview.

Franck Mwe Di Malila, vice-ministre congolais de la Coopération, en décembre 2015. © DR

Franck Mwe Di Malila, vice-ministre congolais de la Coopération, en décembre 2015. © DR

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 23 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

C’est à nouveau pour une « troisième voie », fondée sur le consensus et la modération, que plaide le camp du président du Sénat congolais, Léon Kengo wa Dondo. Dans une interview à Jeune Afrique, son gendre, le vice-ministre, rejette à la fois une opposition qu’il qualifie « d’extrémiste » – ainsi que tous les anciens cadres de la majorité qui ont fait alliance avec elle – et les « fondamentalistes de la majorité ».

À l’heure où le « Front citoyen 2016 » a lancé un ultimatum au pouvoir et appelle à des manifestations s’il n’est pas respecté, le vice-ministre plaide pour la désescalade et appelle à revenir au dialogue.

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Jeune Afrique : Après le rapprochement entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi et la création du « Front citoyen 2016 », le dialogue politique voulu par le président Joseph Kabila avec l’opposition est-il enterré ?

Franck Mwe Di Malila : Le dialogue reste essentiel pour résoudre les contingences techniques liées aux échéances électorales. Cependant, ce dialogue a été perçu dès le départ, et de façon erronée, comme un prélude à un partage du pouvoir. Les contingences techniques vont demeurer. S’arquebouter n’est pas une solution : il nous faut les résoudre.

Mais pourquoi faut-il passer par un dialogue ? Le pouvoir n’a-t-il pas toutes les cartes en main pour organiser le scrutin présidentiel dans les temps ?

Les élections locales auraient dû être organisées en octobre. Le fameux « glissement » du calendrier électoral n’a-t-il pas déjà commencé de fait ? Pour rappel, les élections de 2006 ont eu lieu après une prolongation de deux fois six mois pour permettre la résolution des problèmes techniques et logistiques. Je vois plusieurs contingences techniques qui ne peuvent être résolues autrement que par le dialogue. Il y a notamment la question des moyens. D’où vont-ils venir ? Ensuite, la contribution de nos partenaires : quels montants sont-ils prêts à apporter et à quelle destination ? Et enfin, il faut définir l’ordre de priorité des scrutins que nous devons organiser : les locales, les provinciales, les législatives et la présidentielle. On pourrait, par exemple, imaginer de coupler des élections en un seul scrutin, pour minimiser les coûts et réduire les délais du processus.

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Que vous inspire ce rapprochement entre l’opposition et certains ex-membres de la majorité ?

On constate une forme de radicalisation de certains ex-membres de la majorité. Aujourd’hui, c’est le pacte républicain qui est menacé. On a d’un côté une opposition extrémiste, qui brandit le spectre d’un changement de Constitution et l’épouvantail de la violence urbaine. Face à ce discours, des fondamentalistes de la majorité présidentielle prônent en réaction la violence d’État. Il est primordial de sortir de cette escalade, et le dialogue peut être la clé.

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L’opposition et les mouvements citoyens appellent pourtant à des rassemblements pacifiques…

Manifester est un droit constitutionnel en RDC. Toutefois, les annonces répétées de ces manifestations laissent sous-entendre qu’elles seront violentes. Pour quelles raisons les annoncer si longtemps avant leur tenue et avec des slogans aussi menaçants ? Refuser de dialoguer pour résoudre les problèmes liés aux contingences techniques des scrutins relève d’une forme d’extrémisme. Or ce n’est que par le dialogue que les problèmes seront résolus.

Vous êtes vice-ministre de la Coopération internationale et de l’Intégration régionale. Le fait que les opposants et la société civile se soient réunis au Sénégal va-t-il avoir des conséquences sur la relation avec ce pays ?

Le Sénégal est un pays ami. Moustapha Niasse [l’ex-président de l’Assemblée nationale sénégalaise et ancien médiateur en RD Congo] sait tout le chemin qu’il nous a fallu parcourir pour arriver à la paix et au pacte républicain. Mais le sujet est clos.

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