Afrique du Sud : Areva dans le flou à la centrale nucléaire de Koeberg
Un appel d’offres remporté en Afrique du Sud par le géant français du nucléaire a été annulé par la justice. Un coup dur pour Areva, qui avait fait de ce contrat le symbole de sa renaissance à l’international.
Les dirigeants d’Areva, pilotés par leur directeur général Philippe Knoche, ne savent pas encore à quelle sauce ils vont être mangés en Afrique du Sud. La Cour suprême d’appel sud-africaine de la Nation arc-en-ciel a en effet annulé le 9 décembre l’appel d’offres de la compagnie électrique Eskom, qui leur avait octroyé le contrat de maintenance des réacteurs de la seule centrale nucléaire du continent, à Koeberg, près du Cap. Un contrat à 5 milliards de rands (300 millions d’euros).
Selon la seconde plus haute juridiction du pays (après la Cour constitutionnelle), les critères justifiant l’attribution du contrat à Areva sont « d’ordre stratégique »et n’auraient pas été ceux annoncés au principal rival du groupe français, l’américain Westinghouse, qui avait porté l’affaire devant les tribunaux.
Indemniser
« La juge Carole Hélène Lewis, qui a signifié cette décision à Eskom, a joué les Ponce Pilate, analyse un avocat d’affaires proche du dossier. Certes, elle oblige Eskom à lancer un nouvel appel d’offres dans lequel Areva pourra à nouveau concourir. Mais aussi à indemniser Areva pour les travaux déjà accomplis au titre de ce contrat, qui seraient sans doute perdus si Westinghouse était choisi au final », décrypte-t-il.
Selon Khulu Phasiwe, le porte-parole d’Eskom, six générateurs de vapeur de la centrale de Koeberg doivent être remplacés d’ici 2018 et Areva a déjà fait près de la moitié du travail requis.
Du côté d’Areva, contacté par Jeune Afrique, on affirme « examiner le contenu du jugement afin de bien comprendre son fondement juridique et ses conséquences », alors qu’Eskom, piloté depuis septembre 2015 par Brian Molefe, a d’ores et déjà annoncé qu’il comptait faire appel de cette décision auprès de la Cour constitutionnelle.
Moment critique
Reste que la décision de justice intervient à un moment critique pour Areva, qui a affiché 4,8 milliards d’euros de pertes en 2014 et s’attend à des résultats toujours fortement dans le rouge en 2015.
La direction affichait le contrat sud-africain comme un symbole pour montrer que sa renaissance était possible à l’international, particulièrement sur le segment la maintenance de centrale. Et comptait capitaliser sur l’appel d’offres en Afrique du Sud pour avancer ses pions pour décrocher le mégacontrat de construction de 6 à 8 nouvelles centrales nucléaires, qui doit permettre d’augmenter les capacités de production nucléaire du pays de 9 600 MW (ajoutée aux 1 830 MW de Koeberg) pour un coût estimé à plus de 21 milliards de dollars.
Une enveloppe alléchante convoitée par Areva et son éternel concurrent Westinghouse, mais également par les Russes de Rosatom, qui ont intensifiés leur coopération dans le domaine nucléaire avec la Nation arc-en-ciel ces derniers mois.
Pretoria et Moscou ont ainsi signé deux protocoles d’accords à ce sujet en juillet 2015, principalement sur la formation de spécialistes du secteur.
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