Martin Ziguélé : « Je n’ai pas d’autre choix que d’être confiant dans ce processus électoral »

Alors que la campagne électorale prenait officiellement fin lundi soir, Martin Ziguélé, poids lourd du scrutin présidentiel, s’apprêtait à mener une toute dernière caravane dans les rues de Bangui. La voix presque éteinte après deux semaines à sillonner le pays, il a accordé une interview à Jeune Afrique.

Martin Ziguélé, le 1er décembre 2014, à Paris. © Vincent Fournier/J.A.

Martin Ziguélé, le 1er décembre 2014, à Paris. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 29 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Quel a été pour vous l’aspect le plus marquant de cette campagne électorale ?

Martin Ziguélé : C’était une campagne très particulière. Je n’ai jamais ressenti autant d’interactivité. Lorsque je faisais des meetings, à Bangui comme en province, les gens – les jeunes, surtout – me posaient des questions et je leur répondais. Ils n’attendaient pas de moi que je délivre simplement un message, mais voulaient réellement savoir ce que je proposais et ce qu’allait devenir leur pays. La crise que nous connaissons est une crise de la jeunesse : ce sont les jeunes qui se demandent s’ils vont pouvoir trouver un métier, un avenir. Leur engagement, leur mobilisation a été pour moi l’un des aspects les plus positifs de cette campagne.

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La campagne a été rude : des cartes d’électeurs ont été dérobées, et certains candidats parlent même de fraudes. Avez-vous été affecté par ces problèmes ?

Tout le monde sait qu’il y a des cartes d’électeur qui circulent par ci-par là. Il faut que les autorités prennent les mesures nécessaires pour prévenir les vols et les fraudes et, le jour du scrutin, vérifier l’identité des électeurs, en consultant les notables s’il le faut dans le cas où une personne ne possède pas de papier d’identité…

Le vote référendaire sur la Constitution a été perturbé par des violences dans certaines localités ainsi qu’à Bangui. Comment envisagez-vous ce scrutin, forcément plus clivant que le référendum constitutionnel ?

Le risque sécuritaire est réel, et la mobilisation doit être très forte. Mais il y a une conscience citoyenne qui est, en quelque sorte, le premier des dispositifs de sécurité. Les gens veulent des élections et s’organisent eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Les forces internationales et locales ont également tout mis en oeuvre pour que ce scrutin soit le plus exemplaire possible. Et, pour ne rien gâcher, des groupes armés ont promis de ne pas perturber le scrutin. De toute façon, je n’ai pas d’autre choix que d’être confiant dans ce processus électoral. Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller à ces élections.

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Que pensez-vous de la décision de l’URCA d’Anicet-Georges Dologuélé, l’un de vos principaux concurrents, de faire alliance avec le KNK de François Bozizé, récupérant ainsi théoriquement les voix du parti de l’ancien chef d’État ?

Je ne souhaite pas commenter cette alliance. Nous sommes en campagne, à chacun sa stratégie. C’est le peuple qui jugera des actions de chacun des candidats.

Ma première priorité : rétablir la sécurité. La seconde : redresser le secteur agricole

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Si vous deviez remporter ce scrutin, quelles seraient vos premières actions?

Tout d’abord, rétablir la sécurité. Il s’agit d’une première étape pour remettre en marche l’État. Les Centrafricains ne supportent plus que des hommes et des femmes armés fassent la loi, tuent, pillent, violent. Cela passerait par une remise en marche des forces armées structurées, des forces de police, ce qui a déjà été entamé par le gouvernement de transition en partenariat avec la communauté internationale. Nous lancerions immédiatement le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) sur la base de l’accord de paix signé en marge du Forum de Bangui. Celui-ci prévoit un engagement réciproque, selon lequel les groupes armés rendent leurs armes et, en retour, l’État les réintègre dans la société.

Seconde priorité : redresser le secteur agricole, qui aujourd’hui est anéanti. Aujourd’hui, huit Centrafricains sur dix vivent dans le monde rural. Il s’agit donc non seulement de la vie, mais de la survie de la plupart des Centrafricains. Tant qu’on ne s’attèlera pas à faire fleurir le secteur agricole, ce sera comme si on ne faisait rien.

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