Agro-industrie : ruée sur les terres
Les géants africains ne cessent de grossir et, à l’instar de leurs concurrents asiatiques, multiplient leurs surfaces d’exploitation.
À l’ombre des mines, du pétrole et des télécoms, l’agro-industrie est l’un des secteurs d’activité les plus porteurs en Afrique. Et pour cause : le continent affiche de sévères déficits dans presque toutes les grandes productions alimentaires (sucre, riz, céréales, huiles…), tandis que les besoins, eux, vont croissant, dopés par l’augmentation de la population en général et de la classe moyenne en particulier, ainsi que par l’explosion générale des taux d’urbanisation à travers l’Afrique. Autre facteur favorable : l’immense disponibilité de terres cultivables, de surcroît à un coût bien moindre que celui en vigueur dans le reste du monde émergent.
Conséquence logique de ce double phénomène : les géants africains de l’agro-industrie ne cessent de grossir et montent à l’assaut des nombreuses opportunités de croissance qu’offre le continent. Le numéro un (hors industrie des boissons), le sud-africain Tiger Brands, est ainsi parti à la conquête du marché subsaharien, se fixant comme objectif de rayonner de la Côte d’Ivoire jusqu’au Kenya. Déjà propriétaire de Haco Industries (Kenya) et de Chococam (Cameroun), il a acquis ces derniers mois plusieurs positions stratégiques : en Éthiopie et au Nigeria, il s’est associé avec deux groupes de biens de consommation leaders sur leurs marchés (respectivement East Africa Group et UAC of Nigeria), et il a repris la société de biscuits Deli Foods au Nigeria.
Le chiffre d’affaires cumulé des 100 premières entreprises d’agro-industrie (hors boisson) a atteint 38,6 milliards de dollars.
Monoproduit
À l’extrémité nord du continent, un autre géant, l’algérien Cevital (3e rang), n’en finit plus de grossir. Actif dans les huiles, les margarines et le sucre, le groupe s’est également développé dans la distribution. Il est aujourd’hui, Afrique du Sud mise à part, l’un des rares groupes agroalimentaires relativement diversifié. En dehors de l’Afrique du Sud et de l’Afrique du Nord, les entreprises du secteur restent à l’inverse souvent « monoproduit ». Ainsi des acteurs de la farine et des pâtes comme Flour Mills of Nigeria (6e rang), Dangote Flour Mills (22e) ou encore Crown Flour Mills, racheté il y a peu par le singapourien Olam.
En revanche, la mode est à l’intégration de la filière : du champ agricole jusqu’au produit fini. Symbole de ce mouvement, le groupe ivoirien Sifca (14e) – détenu en partie par Olam – a ainsi fait sa révolution dans l’huile et, en rachetant les actifs d’Unilever, s’est mué de transformateur agricole en réel groupe huilier. En 2010, c’est toutefois un autre pan de son activité, le caoutchouc, qui lui a permis de battre des records, avec un chiffre d’affaires (en monnaie locale) en hausse de 26 % et des profits multipliés par 3,2. Profitant de l’envolée des cours, les bénéfices de sa filiale Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH, 33e) ont été multipliés par cinq.
Boom de l’huile de palme
En matière d’exploitation des terres, l’offensive est lancée. Le boom de l’huile de palme, notamment, est impressionnant : l’Asie est saturée et les surfaces y sont devenues très chères, tandis que l’Afrique tropicale et équatoriale, qui présente de fortes similitudes climatiques avec les zones de plantation de palmiers en Asie, offre de nombreuses opportunités.
La mode est à l’intégration des filières, du champ agricole jusqu’au produit fini
Les projets de développement dans le sucre sont également légion, en dehors des pays traditionnels de production que sont Maurice, l’Afrique du Sud ou le Kenya : une domination qui se traduit par le niveau très élevé dans notre classement de Mumias Sugar (46e) et d’Illovo Sugar (8e). Ce dernier, sud-africain, entend ainsi inaugurer en 2013 au Mali, dans le cadre du projet Markala, d’immenses plantations de canne à sucre et une raffinerie sur les bords du fleuve Niger. Le nigérian Dangote, grand importateur de sucre brésilien qu’il transforme au Nigeria, entend également s’étendre au Sénégal, où la Compagnie sucrière sénégalaise a longtemps été en position de monopole.
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