Afrique australe et océan Indien : porte d’entrée sud-africaine
Ultradominante dans la région, la nation Arc-en-Ciel se transforme peu à peu en plateforme d’investissements vers le reste du continent.
C’est une impressionnante mais peu surprenante domination qu’exerce l’Afrique du Sud sur le paysage des entreprises d’Afrique australe et de l’océan Indien. Dans notre classement des 150 premières sociétés dont le siège social est basé dans cette région, les entreprises sud-africaines totalisent environ 92 % du chiffre d’affaires total. Seul le voisin angolais arrive à surnager dans ce raz-de-marée arc-en-ciel.
Le chiffre d’affaires cumulé des 150 premières entreprises d’Afrique australe et de l’océan Indien atteint 410 milliards de dollars.
Il faut dire que Luanda pèse de plus en plus lourd, pétrole oblige. La compagnie publique Sonangol vole même le premier rang du classement régional. À l’image de sa grande sœur algérienne Sonatrach, qu’elle est encore loin de concurrencer, Sonangol a en charge le développement pétrolier et gazier du pays, premier producteur d’or noir subsaharien, à égalité avec le Nigeria. Fin 2010, ce géant a largement profité de l’embellie des cours.
Dans le même secteur, un nouvel arrivant permet à l’Angola de se hisser une deuxième fois dans notre classement : Total E&P Angola (41e rang régional). Avec près de 3,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2010 et 163 000 barils extraits chaque jour, cette filiale du français Total est l’un de ses actifs d’exploration-production les plus importants à travers le monde, après le Nigeria et la Norvège.
Mastodonte
L’Angola classe également un autre mastodonte, Endiama, dans les 150 premières entreprises d’Afrique australe (97e rang). Pendant de Sonangol dans les diamants, cette compagnie publique est devenue un sérieux concurrent, en matière d’extraction, du sud-africain De Beers et de ses filiales au Botswana (Debswana, non classé) et en Namibie (Namdeb, 114e rang). Elle compte encore accélérer sa production en 2011, avec 9 millions de carats produits contre 8,5 l’année dernière, selon des chiffres rapportés par Reuters.
En termes de conjoncture, l’Afrique du Sud a redressé la situation en 2010, en affichant un taux de croissance de 2,8 %, contre – 1,7 % en 2009. L’année 2011 devrait permettre à la première économie africaine de se rapprocher d’un niveau de croissance plus en ligne avec ses ambitions, autour de 3,5 %. Le pays a largement profité des retombées de la Coupe du monde de football : l’événement sportif, qui s’est tenu sur ses terres en juin et juillet 2010, lui a permis d’enregistrer une nette hausse des dépenses de consommation.
En fin d’année, l’Afrique du Sud a été formellement appelée à rejoindre le groupe des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine, les principaux pays émergents de la planète), renommé à cette occasion Brics, avec un « S » pour « South Africa ». Le pays y gagne une visibilité au niveau international et renforce ainsi sa place en tant que porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne.
Ouverture
Car c’est bien ainsi, désormais, qu’est considérée l’Afrique du Sud. Un phénomène qui se renforce d’année en année, d’autant que les perspectives purement sud-africaines ne sont guère réjouissantes, les entreprises concentrées uniquement sur l’Afrique du Sud ayant vu leurs profits s’éroder depuis quelques années. À l’inverse, les sociétés qui progressent le plus dans notre classement sont celles qui sont les plus ouvertes sur l’Afrique – l’opérateur télécoms MTN (3e rang régional), la chaîne de supermarchés Shoprite (6e) -, auxquelles s’ajoutent les grands groupes miniers qui profitent quant à eux de l’envolée des cours. La décision du numéro un mondial de la grande distribution, l’américain Walmart, d’acquérir le sud-africain Massmart (12e), tient d’ailleurs essentiellement aux perspectives de croissance de cette entité dans le reste du continent. Le rapprochement avorté entre MTN et plusieurs groupes indiens répondait à la même logique.
Les profits cumulés des 150 premières entreprises d’Afrique australe et de l’océan Indien atteignent 33,5 milliards de dollars.
À l’ombre du géant sud-africain, les autres pays de la zone s’en sortent très diversement. Le Botswana, dont l’économie reste très dépendante du diamant, s’en est bien tiré, après une année 2009 marquée par les très grosses difficultés rencontrées par le géant Debswana dans un marché mondial du diamant en crise. En 2010, la filiale de De Beers a repris le chemin de la croissance, avec un chiffre d’affaires en hausse de 49 %. L’évolution de la Namibie, où le diamant joue également, avec l’uranium, un rôle très important, a été proche, avec un taux de croissance de 4,8 %.
Envolée de l’or noir
L’Angola a vu sa croissance rester très basse, à 3,4 % (contre 13,8 % en 2008). Le pays, qui a souffert de la baisse puis de la stagnation du cours du baril, profite en revanche depuis la fin de l’année 2010 de l’envolée de l’or noir. Le Zimbabwe confirme son retour en force sur la scène économique régionale, avec une croissance de 9 % en 2010. Le pays est sorti de l’hyperinflation et de la récession, qui lui avaient fait perdre un tiers de sa richesse en une décennie. Les entreprises du pays font d’ailleurs un retour dans notre classement, notamment avec le groupe hôtelier Innscor Africa (139e rang régional) et l’opérateur télécoms Econet (147e)
Enfin, dans l’océan Indien, Maurice continue à enregistrer un bon niveau de croissance, à 4,2 % en 2010, avec quelques succès notables dans le tourisme et la finance. Mais le pays reste confronté aux mêmes enjeux stratégiques, dont l’un est le recentrage d’un certain nombre de ses activités vers l’Afrique ou l’Asie plutôt que vers des pays occidentaux à faible croissance, où l’île continue d’exporter l’essentiel de ses productions agricoles et manufacturières.
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