Afrique de l’Ouest : télécoms et pétrole au menu

Avec une croissance impressionnante, les pays anglophones font la course en tête. Le reste de la zone a pâti de la crise ivoirienne.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 3 octobre 2011 Lecture : 4 minutes.

Dans l’ensemble, 2010 aura été une bonne année pour les entreprises d’Afrique de l’Ouest, succédant à un cru 2009 marqué par un ralentissement assez net de la croissance. Les principales économies de la zone sont reparties de l’avant, le Nigeria affichant un taux de croissance d’environ 8,7 %, le Ghana de 7,7 %, le Sénégal de 4,2 %. Faisant figure d’exception, la Côte d’Ivoire a vu sa croissance diminuer (2,4 % en 2010, contre 3,7 % en 2009), en raison principalement du ralentissement des activités agricoles. Globalement, les pays exportateurs ont été servis par la reprise à la hausse des cours des principales matières premières et des produits agricoles.

Le chiffre d’affaires cumulé des 150 premières entreprises d’Afrique de l’Ouest atteint 55,2 milliards de dollars.

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Une locomotive instable

L’année 2011 s’est engagée sous des auspices bien différents. Si le Ghana continue son chemin de modèle économique régional, avec une croissance qui explose en 2011 (13,5 %) en raison de la mise en route de l’activité pétrolière, les pays francophones ont pâti, une nouvelle fois, de l’instabilité en Côte d’Ivoire.
Le pays – qui reste malgré tout la locomotive de la zone – s’est en effet enfoncé dans une crise postélectrorale qui a débouché sur un arrêt des exportations et une paralysie économique durant plusieurs semaines. Malgré le retour à la normale en avril 2011, la croissance devrait se révéler sur l’ensemble de l’année largement négative. En septembre 2011, le Fonds monétaire international (FMI) estimait à – 5,8 % le recul réel du PIB, malgré la bonne tenue du secteur du cacao. Les entreprises locales, mais aussi celles opérant au Mali, au Burkina ou au Niger, auront souffert de cette crise.

Les profits cumulés des 150 premières entreprises d’Afrique de l’Ouest atteignent 3 milliards de dollars.


La nouvelle est d’autant plus inquiétante qu’elle se double d’une autre réalité : l’accroissement du fossé entre pays anglophones et francophones. À l’image du Ghana, dont la manne pétrolière semble devoir être utilisée à bon escient, et du Nigeria, doté d’une nouvelle équipe gouvernementale de choc, les pays anglophones maintiennent le cap de la croissance et suscitent l’engouement croissant des investisseurs internationaux. Au Liberia, on assiste ainsi à une ruée dans l’exploration pétrolière, l’agro-industrie et les mines. Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (158 millions d’habitants), les investisseurs mettent désormais l’accent sur le secteur de la consommation. Le Ghana, enfin, apparaît de plus en plus comme un modèle de gouvernance et de diversification.

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Lagos loin devant

Sans surprise, notre classement des 150 premières entreprises d’Afrique de l’Ouest fait la part belle aux groupes nigérians. À eux seuls, ils ont réalisé environ 45 % du chiffre d’affaires total de nos 150. Et à l’image de MTN Nigeria (1er rang régional), dont le chiffre d’affaires a bondi de 500 millions de dollars entre 2009 et 2010, ils connaissent de belles perspectives.

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Derrière, la Côte d’Ivoire (21 % du chiffre d’affaires total) et ses entreprises restent fondamentales : en raison du poids de son agriculture, mais aussi grâce à des groupes qui, comme Sifca (15e rang), exportent le savoir-faire ivoirien partout dans la sous-région. Les entreprises ghanéennes, elles, réalisent désormais 11 % du chiffre d’affaires de la zone : un niveau appelé à s’envoler avec l’exploitation de l’or noir.
Parmi les bonnes nouvelles, le Burkina profite à plein (dans notre classement) de l’envolée de sa production d’or. Le Liberia et la Guinée devraient bientôt faire de même avec le fer, notamment. À Dakar, malgré la crise de l’électricité, on peut se féliciter du redressement des Industries chimiques du Sénégal (ICS, 71e rang), recapitalisées en 2008 par l’indien Iffco : la production d’acide phosphorique aurait progressé de plus de 10 % en 2010, selon la publication « Perspectives économiques en Afrique ».

Les opérateurs télécoms ne sont désormais devancées que par les géants pétroliers.

Au final, ces débuts de diversification augurent d’une réduction progressive de la dépendance de la plupart des pays ouest-africains à un nombre limité d’activités : pétrole, or, coton, cacao. Au Nigeria, si les hydrocarbures ont représenté en 2010 environ 96 % des recettes d’exportation et près de 66 % des recettes budgétaires, la part de l’or noir dans le PIB a reculé ces dernières années de 39 % à 29 % environ. Les autres pays de la zone pourront-ils rapidement emboîter le pas de leur voisin nigérian ? L’avenir le dira.

Industrie, le parent pauvre

En termes sectoriels, notre classement ne révèle guère de surprises, avec un trio d’activités dominantes : ressources naturelles, télécoms et agro-industrie. Avec un peu plus de 21 % du chiffre d’affaires des 150 premières entreprises régionales, les télécoms confirment leur poids énorme dans les économies africaines. Les opérateurs de ce secteur ne sont désormais devancés que par les géants pétroliers.

L’agro-industrie dans son ensemble – de la plantation à l’alimentaire – se structure progressivement, avec l’émergence de poids lourds régionaux qui totalisent près de 20 % du chiffre d’affaires des 150. L’industrie, en revanche, reste le parent très pauvre de la zone, surtout en dehors du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Ce secteur reste pénalisé par les coupures électriques et le coût généralement élevé du transport dans la zone. 

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