Bourse : la reprise fut de courte durée
Après un cru 2009 bien terne, 2010 aura été une année positive. Mais les poids lourds du continent restent attirés par les marchés occidentaux.
Un rayon de soleil a brillé sur les Bourses africaines en 2010. Une éclaircie de courte durée, puisque 2011 semble placée sous les pires auspices, mais une amélioration tout de même. En matière de performances, les places africaines s’en sont ainsi plutôt bien sorties, la majorité d’entre elles ayant terminé l’année dans le vert. Seule déception : malgré un progrès par rapport à 2009, les introductions en Bourse ont continué de se faire rares, et de nombreux marchés n’en ont connu aucune.
En 2010, les places africaines ont enregistré 25 introductions.
La première Place du continent, Johannesburg, est sortie du lot, avec deux grandes introductions : celle du groupe hospitalier Life Healthcare et celle du groupe minier Royal Bafokeng Platinum. Encore n’est-ce qu’un demi-succès : l’introduction de Life Healthcare, qui aurait dû être la plus grande opération du genre depuis dix ans, n’a pas connu le succès escompté, sa dimension finale ayant été réduite de plus d’un tiers…
Double cotation maghrébine.
Dans le reste du continent, Tunis a connu cinq introductions pour un volume global d’environ 200 millions de dollars (153 millions d’euros). Mieux, avec sa voisine marocaine, la Place tunisienne a accueilli la première double cotation maghrébine, conseillée, structurée et placée par le groupe Attijariwafa Bank. Une opération sans réelle logique stratégique – Ennakl, la société concernée (distribution automobile), n’ayant aucune activité au Maroc -, mais qui, avec 89 millions de dollars de titres vendus à l’introduction, aura été un beau succès. Casablanca a connu une autre introduction, celle de l’assureur CNIA Saada, en fin d’année ; de leur côté, la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM) ainsi que celles du Botswana, d’Égypte et de l’île Maurice en ont également accueilli quelques-unes. Mais le bilan en la matière reste extrêmement décevant, même s’il est légèrement compensé par le nombre croissant d’opérations secondaires (augmentation de capital, émissions de droits, etc.).
Au final, en 2010 comme en 2009, les plus grandes introductions boursières africaines ont eu lieu en dehors du continent. African Barrick Gold, qui opère uniquement en Tanzanie, a ainsi rejoint la Bourse de Londres, dans une opération de 884 millions de dollars. Toute l’année, sur la Place britannique comme sur d’autres marchés anglo-saxons (Toronto au Canada, Sydney en Australie), les entreprises africaines (ou opérant essentiellement en Afrique) se sont bousculées.
Londres devant Casa
À tel point que la capitalisation des entreprises dites africaines sur le NYSE Euronext (New York/Paris) et celle sur le London Stock Exchange dépassent la capitalisation de Casablanca, du Caire, de Lagos… Un phénomène inquiétant mais qui s’explique par la faible profondeur de la plupart des marchés africains. Au-delà d’un certain besoin en capitaux, mieux vaut aujourd’hui se tourner vers les places occidentales… La décision annoncée de Dangote Cement, l’une des toutes premières capitalisations du continent, de s’introduire à Londres s’explique d’ailleurs par la volonté du cimentier nigérian de financer ses immenses projets de développement panafricain.
L’introduction de Life Healthcare n’a pas connu le succès escompté.
Pour dynamiser les marchés africains, les sociétés de Bourse du continent ont un rôle crucial à jouer pour attirer de nouvelles entreprises, motiver celles qui sont cotées à réaliser de nouvelles opérations et susciter l’intérêt des épargnants. Or force est de constater que seules quelques-unes sont réellement actives. En Afrique francophone – nous publions ci-contre pour la première fois un classement des courtiers de cette zone -, une poignée d’intermédiaires mène le bal. Au Maroc, Attijari Intermédiation et BMCE Capital captent plus de la moitié des capitaux échangés.
À la BRVM, Hudson & Cie, Actibourse, Bici Bourse, CGF Bourse font vivre une Bourse qui reste malgré tout peu active. À Tunis, si Tunisie Valeurs et Mac SA représentent un tiers du marché, la concurrence semble toutefois progresser. Une nouvelle de bon augure pour la dynamique des places et leur visibilité à l’étranger.
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