Le Nigeria n’a pas besoin d’un prêt du FMI, selon Christine Lagarde
Le Nigeria, première puissance économique d’Afrique, dont les recettes ont fondu avec la chute mondiale des cours de pétrole, n’a pas besoin d’un prêt du Fonds monétaire international, a estimé mardi la patronne du FMI.
« Je vais être très claire: ni moi ni mon équipe ne sommes ici pour négocier les conditions d’un prêt, et nous ne sommes pas en train d’organiser de telles négociations », a déclaré Christine Lagarde, directrice générale du FMI, lors d’une conférence de presse à Abuja.
« Franchement, vu la détermination et la résilience dont font preuve la présidence et son équipe, je ne vois pas pourquoi il y aurait besoin d’un programme d’aide du FMI » au Nigeria, a-t-elle ajouté.
Mme Lagarde, arrivée au Nigeria lundi pour une visite de quatre jours, s’est déjà entretenue avec le président Muhammadu Buhari. Elle doit également rencontrer le gouverneur de la Banque centrale nigériane et des dirigeants d’entreprises avant de poursuivre sa visite au Cameroun voisin.
La chute de 60 % des prix du pétrole depuis l’année dernière a durement touché l’économie du Nigeria, qui tire l’essentiel de ses revenus de l’exportation de brut, dont il est le premier producteur d’Afrique.
Le naira a également chuté, avec un taux d’inflation proche de la barre des 10 %.
Relance de l’économie
Mme Lagarde a qualifié d’ »excellentes » les discussions menées avec les autorités nigérianes. Elle a dit avoir abordé « les défis engendrés par la chute des prix du pétrole », tels que la nécessité de diversifier les sources de revenus de l’Etat.
La relance de l’économie fait partie des grandes promesses de M. Buhari, élu en mai, avec la lutte contre la corruption endémique et la mauvaise gestion au sein du gouvernement. M. Buhari est par ailleurs confronté à l’insurrection des islamistes de Boko Haram, qu’il s’est également engagé à vaincre.
Le Nigeria a annoncé le mois dernier un budget 2016 de 6 080 milliards de nairas (environ 28 milliards d’euros), avec une augmentation des dépenses d’environ 20 %, censée bénéficier surtout aux investissements dans le but de stimuler la croissance.
Mme Lagarde a estimé mardi que ce n’était pas son rôle « d’approuver ou de commenter le budget ».
Une équipe d’économistes du FMI doit cependant se rendre au Nigeria la semaine prochaine, a-t-elle précisé, pour évaluer notamment « si la dette est viable, si les taux d’emprunt sont raisonnables, et ce qui doit être mis en place pour permettre de relever les défis à venir ».
Échanges commerciaux
Pour certains économistes, l’impact de la crise économique nigériane sur les échanges commerciaux avec les autres pays de la région est un des principaux enjeux de la visite de Mme Lagarde.
Elle doit notamment rencontrer les ministres des Finances des six pays membres de la communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (CEMAC) le 8 janvier, lors de son passage au Cameroun.
« L’une des mesures prises par le Nigeria pour faire face à la chute du prix du pétrole a été de contrôler les importations en imposant des restrictions sur le marché des changes », a rappelé à l’AFP Razia Khan, économiste pour la Standard Chartered Bank à Londres.
« Cela a eu un impact sur les échanges commerciaux avec les pays voisins, ce qui est préoccupant pour le Nigeria mais aussi pour ces pays, qui sont très dépendants » du géant économique ouest-africain, a estimé Mme Khan.
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