Kenya : « Ils nous ont arrosés de balles », les survivants du massacre de Garissa témoignent
Près de dix mois après le massacre à l’université de Garissa, dans le nord-est du Kenya, les survivants ont témoigné de l’horreur des tueries qui ont coûté la vie à 148 personnes, lors du procès de cinq hommes accusés d’être liés à cette attaque. L’audience doit se poursuivre ce vendredi.
Suspects dans le massacre de Garissa en avril 2015, Mohamed Ali Abdikar, Hassan Aden Hassan, Sahal Diriye et Osman Abdi, dont la nationalité – kényane ou somalienne – est incertaine, et Rashid Charles, un Tanzanien, ont été inculpés de 162 chefs d’accusation de terrorisme et conspiration en vue de commettre un attentat. Mais ils ont tous nié les charges pesant contre eux.
Une audience préliminaire avait eu lieu en novembre, mais les principaux témoins ont commencé à être entendus cette semaine par le tribunal. Leur description de l’horreur ressentie lors de ce massacre, perpétré à l’aube par des hommes armés, était détaillée dans les journaux kényans.
Des étudiants non-musulmans ciblés
Devant la cour, Rispa Nyang a raconté qu’elle participait à une réunion de prière avec environ 30 étudiants chrétiens quand elle a vu « un homme grand, armé d’un fusil » et le visage masqué, jeter un engin explosif dans la pièce.
« J’ai entendu une explosion et j’ai vu des étincelles, avant que l’homme n’entre dans la salle et commence à tirer », a-t-elle dit, selon des propos rapportés par le quotidien Daily Nation.
La plupart de mes camarades ont été abattus
Pendant l’attaque, les agresseurs avaient aligné les étudiants non-musulmans pour les exécuter, dans une mise en scène que le président kényan Uhuru Kenyatta avait à l’époque qualifiée de « massacre médiéval barbare ».
« J’ai entendu une porte s’ouvrir, ils nous ont arrosés de balles et peu après le silence s’est fait dans la salle, la plupart de mes camarades ayant été abattus », a décrit une autre étudiante Evelyn Chepkemoi, selon le quotidien The Standard.
La jeune fille, qui avait été touchée aux jambes et à une main, a expliqué qu’elle avait feint d’être morte, en restant étendue sans bouger pendant cinq heures au milieu de ses camarades de classe décédés, jusqu’à ce que les forces de sécurité n’entrent dans la salle.
Jeudi, un responsable d’une mosquée de Garissa, a expliqué au procès que Rashid Charles – qui avait été retrouvé caché dans un plafond de l’université après l’assaut – était venu à la prière les trois jours précédant l’attaque, alors qu’il ne l’avait jamais vu avant.
Le procès devait se poursuivre vendredi. L’accusation a indiqué qu’elle appellerait une trentaine de personnes à la barre.
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