Madagascar : le parti d’Hery Rajaonarimampianina renforcé par les sénatoriales, et après ?

À Madagascar, le parti présidentiel, le HVM remporte une majorité écrasante lors des élections sénatoriales du 29 décembre dernier, avec plus de 60 % des suffrages exprimés, selon les chiffres publiés samedi. Un total de 12 664 grands électeurs, maires et conseillers municipaux, s’étaient rendus aux urnes pour élire 42 sénateurs. Un succès qui renforce le pouvoir d’Hery Rajaonarimampianina.

Le président Hery Rajaonarimampianina lors du sommet Inde Afrique en octobre 2015. © Saurabh Das / AP / SIPA

Le président Hery Rajaonarimampianina lors du sommet Inde Afrique en octobre 2015. © Saurabh Das / AP / SIPA

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Publié le 12 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Les élections sénatoriales du 29 décembre dernier revêtaient un caractère plus que symbolique pour le président malgache, toujours en quête de légitimité populaire. Candidat apolitique, mais ancien ministre des Finances durant la transition, il avait été élu de justesse au deuxième tour en décembre 2013 (53%) grâce notamment au soutien de l’ancien président Andry Rajoelina.

Mais les deux hommes se sont brouillés depuis, faute pour le dernier d’avoir obtenu le poste de Premier ministre qu’il convoitait pour son camp. Sans un seul représentant de son parti à l’Assemblée nationale, durement affaibli au printemps dernier par une procédure de destitution menée par certains députés hostiles, l’ancien expert-comptable commence enfin à se constituer une force politique autour de lui.

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Le HVM largement en tête

Selon les premiers chiffes publiés samedi par la commission électorale nationale indépendante (CENI), sur les sept provinces de Madagascar, son nouveau parti le HVM (Force Nouvelle de Madagascar), arrive largement en tête avec plus de 60% des suffrages exprimés. Le TIM, le parti de Marc Ravalomanana, et le MAPAR, celui d’Andry Rajoelina semblent se partager les miettes restantes, avec successivement 10% et  6 % des suffrages exprimés.

« Le président peut désormais compter sur la chambre haute, et Madagascar retrouve un peu de calme et de stabilité », se réjouit Ulrich Andriantiana, ministre des Transports et du Tourisme, déjà en poste sous Andry Rajoelina. Il est désormais l’un des plus fidèles partisans du président en place, dans un gouvernement de coalition qui réunit des personnalités des différentes tendances du pays. « Le HVM avait déjà remporté les élections municipales d’août dernier. C’est un nouveau pas pour remettre en selle les institutions mises à mal depuis la crise de 2009 », précise encore ce dernier.

Législatives anticipées ? 

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Une victoire écrasante qui a aussitôt provoqué des soupçons de fraude du côté des perdants. Et beaucoup d’observateurs, considèrent que ces sénatoriales annoncent des élections législatives anticipées. « Le président a besoin d’une majorité parlementaire pour pouvoir diriger librement le pays, sans le chantage des pro Ravalomanana et Andry Rajoelina, analyse le politologue Toavina Ralambomahay, auteur de plusieurs essais. Il ne se sent pas à l’abri d’un nouveau coup de force. Le problème, c’est qu’il s’y prend un peu tard ».

En effet, presque à mi-mandat, Madagascar a peut-être d’autres priorités aujourd’hui que d’organiser de nouvelles élections législatives coûteuses et forcément déstabilisantes dans un pays pas tout à fait réconcilié. Car si le président semble avoir retrouvé un peu d’oxygène, le pays continue lui de vivre sous perfusion, et les investisseurs tardent à revenir. Précarité de l’emploi, vie chère, coupures d’électricité récurrentes, problème de ramassage des ordures ménagères, sont la réalité de la grande majorité des malgaches.

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« Wake up Madagascar »

Vendredi dernier, pendant que le président Hery Rajaonarimampianina recevait plus de 1700 convives lors du banquet de la traditionnelle cérémonie des vœux, une dizaine de jeunes militants du mouvement « wake up Madagascar », a déposé des assiettes vides devant les grilles du palais. « Manière de rappeler que loin des belles promesses, beaucoup de Malgaches ne mangent pas à leur faim », précise une de ses activistes et analyste politique Ketakandriana Rafitoson.

Cette opération menée par ce nouveau mouvement citoyen issu en 2013 des réseaux sociaux, mais peu soutenu par la population a connu le succès médiatique espéré. Tous les journaux se sont empressés ce week-end de juxtaposer les photos des deux événements en une. Reste que lors de son discours, le président Rajaonarimampianina a réaffirmé ses objectifs pour 2016, volontairement inspirés du thème du prochain sommet de la francophonie qui se tiendra à Antananarivo dans moins d’un an. «Croissance  partagée   et  développement  responsable  sont les   conditions   de   la   stabilité   dans   le   monde   et   dans   l’espace francophone », a t-il martelé. Les Malgaches veulent juste y croire.

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