Le pétrole frôle les 30 dollars et durcit les tensions au sein de l’Opep

Les cours du pétrole se sont rapprochés dangereusement du plancher des 30 dollars le baril, exacerbant les remous au sein de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep).

L’Opep a refusé jusqu’à présent de réduire sa production. © AFP

L’Opep a refusé jusqu’à présent de réduire sa production. © AFP

Publié le 13 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Le mardi 12 janvier, les cours du pétrole sont brièvement tombés à moins de 30 dollars le baril en séance à New York, ce qu’ils n’avaient plus fait depuis décembre 2003. Le prix du baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en février a atteint 29,93 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), tandis que le Brent, la référence européenne du brut, descendait à 30,43 dollars le baril.

Si les cours sont en légère remontée ce mercredi à 31,25 dollars le baril de WTI et 31,67 dollars celui de Brent (à 11H31 GMT), ils ont perdu plus de 30 % en 2015 et plus de 15 % supplémentaires depuis le début de l’année et menacent, d’après certains analystes, de chuter davantage.

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« Il y a encore quelques mois, le seuil des 30 dollars paraissait complètement improbable. Aujourd’hui, il est quasiment atteint. On peut donc aller encore plus bas à terme », a reconnu Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque, cité par l’AFP .

Cette dépréciation sabre les profits de toute l’industrie pétrolière – le géant britannique BP a annoncé la suppression d’au moins 4 000 emplois dans le monde en deux ans – et grève les budgets des pays producteurs.

Les grincements de dents deviennent acerbes contre cette situation de plus en plus difficile et les regards se tournent avec insistance vers l’Arabie saoudite : Riyad est souvent accusé d’inonder à dessein le marché pour conserver ses parts de marché, que ce soit face aux producteurs de gaz de schiste américains ou vis-à-vis d’un Iran impatient de voir levées les sanctions occidentales qui entravent ses exportations d’or noir.

Réduction de production improbable

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Au sein même de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), où la voix de l’Arabie saoudite donne souvent le la, la stratégie de Riyad est contestée et le secrétaire d’État nigérian pour les Ressources pétrolières Emmanuel Ibe Kachikwu a jugé nécessaire la tenue d’une réunion extraordinaire du cartel début mars (le Nigérian assurait la présidence tournante de l’Opep jusqu’au 31 décembre, son successeur pour l’année 2016 est Mohammed Bin Saleh Al-Sada, le ministre qatari de l’Énergie et de l’Industrie).

« Nous avions dit que si le (prix) atteignait 35 (dollars le baril), nous commencerions à examiner la convocation d’une réunion extraordinaire », a rappelé Emmanuel Ibe Kachikwu le 12 janvier, lors d’un forum à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), selon des propos rapportés par l’AFP.

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La suggestion du dirigeant nigérian a été vivement rejetée par le ministre émirati de l’Énergie, Suhail al-Mazrouei, qui a déclaré s’attendre à une reprise du marché pétrolier avant la fin de l’année, en dépit de la dégringolade actuelle des prix.

« Je suis fermement convaincu que le marché va connaître une correction avant la fin de 2016. C’est ce qu’indiquent les fondamentaux du marché », a affirmé le ministre émirati durant le même forum d’Abou Dhabi, selon l’AFP.

Dégâts

Lors de sa précédente réunion en décembre, l’Opep avait décidé de maintenir en l’état sa production de pétrole, déjà supérieure au quota officiel que s’était fixé le cartel précédemment, ce qui a contribué à intensifier la dégringolade tarifaire ces dernières semaines.

« L’Opep a fait un gros pari qui ne fonctionne pas jusqu’à présent, mais les dégâts sont déjà faits et ça ne voudrait rien dire de la part du cartel de réduire sa production désormais », avertit Fawad Razaqzada, un analyste chez Forex.com cité par l’AFP.

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