Bye Bye Ebola ? Retour en quatre chiffres sur l’épidémie

Alors que l’Organisation mondiale de la santé a annoncé jeudi la fin de la crise d’Ebola en Afrique de l’Ouest, Jeune Afrique a réalisé un bilan chiffré de l’épidémie la plus grave depuis l’identification du virus il y a 40 ans.

Une femme célèbre la fin du virus Ebola en novembre 2015 en Sierra Leone. © Aurelie Marrier d’Unienv / AP / SIPA

Une femme célèbre la fin du virus Ebola en novembre 2015 en Sierra Leone. © Aurelie Marrier d’Unienv / AP / SIPA

Publié le 14 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

11 315 morts

Selon le dernier rapport de L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié en janvier 2016, l’épidémie a tué 11 315 personnes. Un bilan largement sous-évalué de l’aveu même de l’OMS, en particulier dans les trois pays les plus touchés : la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée, où la maladie était apparue fin décembre 2013.

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Si 99% des victimes sont mortes dans ces trois pays, les États-unis, l’Espagne, le Mali ou encore le Nigeria ont également été affectés par l’épidémie, la plus grave depuis sont apparition en Afrique centrale en 1976.

22 000 orphelins 

Conséquence de ces milliers de décès, le nombre d’orphelin est monté en flèche dans les trois pays les plus affectés. Selon un bilan de l’Unicef, l’agence des Nations unies pour l’enfance, l’épidémie a rendu 22 000 enfants orphelins en Guinée, au Sierra Leone et au Liberia. En Guinée, « 6 220 enfants ont perdu un de leurs parents, ou les deux, ou la personne qui s’occupaient d’eux », ajoutait fin décembre l’Unicef, mettant un chiffre sur ces destins brisés par l’épidémie.

L’éducation des enfants a également pâti de cette crise. Dans ces trois pays, les systèmes éducatifs ont été paralysés par la maladie. Au Sierra Leone, les écoles ont été fermées presque toute l’année scolaire, tandis qu’en Guinée et au Liberia, les enfants ont été privés d’école pendant de longues semaines.

Au-delà de la seule scolarisation, leur suivi sanitaire a largement été impacté par l’épidémie. Le taux de vaccination des enfants de moins d’un an a ainsi chuté de 30% en Guinée, rappelle l’Unicef.

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1,8 milliard d’euros de pertes

L’épidémie a par ailleurs ravagé l’économie des trois pays, dont les prévisions pour l’année 2015 restent encore moroses, selon les chiffres récemment publiés par la Banque mondiale. La croissance devrait ainsi chuter de 20% en Sierra Leone par rapport à 2014, selon la même source.

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Des prévisions qui divergent significativement selon les pays. Si la Sierra Leone s’est enfoncée dans une grave récession, le Liberia devrait renouer avec la croissance dans les mois à venir, toujours selon les prospectives de la Banque mondiale, qui table sur une croissance du PIB libérien de 3% pour 2015 et de 5,7% pour 2016.

Reste que les pertes pour ces trois pays sont considérables. Pour la seule année 2015, la Banque mondiale les estime à 1,8 milliard d’euros :

17 322 survivants, la prudence reste de mise 

L’épidémie laisse également derrière elle 17 322 survivants, dont l’écrasante majorité est logiquement originaire des trois pays les plus touchés:

Des survivants discriminés, comme l’expliquait à Jeune Afrique dès août 2014 un médecin guinéen rescapé. « Je pensais qu’une fois guéri, le calvaire serait terminé, mais je me suis rendu compte que ce n’était que le début. À ma sortie du centre de traitement, je n’ai reçu aucune visite, ni de mes voisins ni de mes parents. Le propriétaire de mon appartement a menacé plusieurs fois de m’expulser, mais semble heureusement avoir changé d’avis. Un jour, j’espère pouvoir parler de mon expérience à visage découvert. Mais pour le moment, le risque de stigmatisation est beaucoup trop fort. »

Un an et demi plus tard, la discrimination à l’égard des rescapés se poursuit dans les trois pays. Et le discours du président sierra-léonais Ernest Bai Koroma invitant à «ne pas se laisser guider par la peur et l’ignorance », n’y change rien.

Les héros de la lutte contre Ebola ne sont pas non plus épargnés. L’Agence France presse racontait ainsi l’ostracisme vécu par le Sierra-Léonais Joseph Lamin, ambulancier dans le quartier de la morgue, à Freetown. « Je rencontre toujours des difficultés avec des gens qui, lorsqu’ils me reconnaissent, se détournent et font semblant de parler à quelqu’un d’autre. Je trouve ça injuste de continuer à souffrir ainsi, alors que je rendais service au pays ».

Une exclusion qui persiste d’autant plus que les rescapés peuvent rester vecteur de la maladie, y compris après avoir été guéri. C’est ce qu’ont récemment découvert plusieurs équipes de scientifiques : le virus peut subsister dans certains fluides corporels, dont le sperme.

Conséquence, l’OMS se montre prudente. Et prévient que le Liberia, la Guinée et le Sierra Leone pourraient bien connaître « de petites résurgences » de l’épidémie. Une prudence que vient rappeler le décès suspect annoncé par la Sierra Leone dans le nord du pays, quelques heures après l’annonce de l’OMS. 

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