En Algérie, l’autre débat sur les binationaux !
Alors que le débat sur la déchéance de la nationalité pour les binationaux agite la France, l’Algérie propose dans son projet de révision constitutionnelle de leur interdire l’accès à la haute fonction publique. Effet domino ?
« Je ne peux pas accepter le bannissement des citoyens binationaux de la haute fonction publique car une grande partie d’entre eux a honorablement servi l’Algérie depuis la France et a préparé son indépendance ». Interrogée par Jeune Afrique, Chafia Mentalecheta, députée de la communauté algérienne établie à l’étranger, ne décolère pas. Elle s’élève contre l’article 51 du projet de révision de la Constitution algérienne, adopté le 11 janvier par le conseil des ministres, et qui dispose que « la nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités de l’État et aux fonctions politiques ».
France/Algérie : l’étrange coïncidence
Pour la députée franco-algérienne, cet article va à l’encontre du principe d’égalité de tous les citoyens algériens et doit, de ce fait, être retiré.
« Je trouve très étrange cette coïncidence entre les discours d’exclusion des binationaux en France et en Algérie. Les deux pays veulent jeter leur société commune aux oubliettes. Terroriste potentielle pour l’un, traître pour l’autre. Nationalité à dégrader pour l’un et nationalité à dénaturer pour l’autre », se désole-elle.
Bouteflika se rattrape
Lundi 11 janvier, sur les ondes de la radio nationale, Amara Benyounes, ancien ministre du Commerce et président du Mouvement populaire algérien (MPA), a appelé le président de la République à intervenir pour abandonner cet article, injuste envers la diaspora algérienne.
Sa requête n’est pas restée totalement sans réponse. Le même jour, voyant la polémique enfler, Abdelaziz Bouteflika, décide d’amender l’article, en y ajoutant : « la loi déterminera la liste des hautes fonctions de l’État », selon l’agence officielle APS. Certes, il n’a pas supprimé la disposition polémique. Mais il a proposé d’en restreindre l’utilisation.
Seuls les postes souverains seraient concernés
Le 12 janvier, c’est Amar Saâdani, secrétaire général du FLN, qui prête main forte au chef de l’État. Au site TSA Algérie, il déclare que l’article 51 a été mal rédigé car le législateur ne visait que les postes souverains comme la présidence, les affaires étrangères et la défense.
« Il n’est pas dans l’intention du président d’exclure la diaspora algérienne de la gestion des affaires du pays », affirme-t-il. L’amendement, ajouté in extremis par Bouteflika, passera par le Parlement, où le FLN détient la majorité, et le parti « défendra ses choix « , ajoute-t-il.
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