RDC – Centrafrique : qui pour remplacer les soldats congolais de la Minusca ?
Alors que l’ONU a annoncé le 8 janvier qu’elle ne reconduirait pas le contingent de FARDC présent au sein de la Minusca, en Centrafrique, la question de son remplacement par des soldats d’une autre nationalité se pose avec acuité.
« Le départ des FARDC (Forces armées congolaises) de la Minusca est souhaité rapidement mais dépend, évidemment, de l’arrivée des troupes remplaçantes », confie un haut-fonctionnaire de l’ONU à New York. « Pour cela, il faut que les soldats soient opérationnels dès leur arrivée sur zone : paquetage, matériel, etc. »
Vendredi 8 janvier, l’ONU a annoncé que le contingent de quelque 850 hommes de la RDC ne serait pas renouvelé dans la Minusca. Motif officiel : celui-ci ne répondrait pas aux critères requis en termes d’équipement, de contrôle de recrutement et de préparation au combat.
Le nouveau contributeur de troupes de la Minusca n’est pas encore dévoilé. « Les candidats sont peu nombreux. L’insécurité grandissante n’aide pas à la mobilisation. Les moyens financiers ne sont pas extensifs et chaque pouvoir préfère assurer ses arrières plutôt que projeter ses forces » à l’étranger, commente le haut-fonctionnaire.
La solution mauritanienne
Reste que le nom de la Mauritanie revient dans plusieurs bouches à l’ONU et dans l’armée congolaise. « La Mauritanie est en effet un pays qui intéresse la Direction du maintien de la paix, mais le pays craint les infiltrations jihadistes et souhaite garder un fort contingent sur son territoire », explique le haut-fonctionnaire.
Malgré cette menace, souligne-t-il, « les discussions sont très avancées » avec Nouakchott, qui « prévoit un contingent de 750 hommes ». Déjà, des officiers mauritaniens se sont rendus en Centrafrique pour « préfigurer l’arrivée éventuelle des troupes ». Une source diplomatique à Bangui assure quant à elle que l’arrivée d’un contingent d’au moins 450 militaires mauritaniens, après le départ des soldats congolais à l’issue du second tour de la présidentielle (prévu le 31 janvier mais qui devrait être retardé d’une semaine), est d’ores et déjà actée.
La réaction de Kinshasa
Alors que sur les réseaux sociaux, des Congolais évoquent une « honte » et une « humiliation » pour leur nation, Kinshasa n’a pas officiellement réagi à l’éviction de son contingent de la Minusca, chargée, avec les troupes françaises de Sangaris, de prévenir les violences intercommunautaires qui déchirent le pays depuis fin 2013.
Cependant, « le gouvernement a envoyé les preuves à New York contredisant les éléments sur lesquels [le chef du maintien de la paix] Hervé Ladsous s’est appuyé avant de proposer le retour de notre contingent, affirme un haut-responsable de l’armée. Il s’agit notamment de la confirmation du contrat signé entre le gouvernement et Sovereign Global France pour l’achat de matériels répondant aux standards de l’ONU, de la livraison du matériel en 6 mois maximum au lieu de 24 mois comme l’affirmait Ladsous, et du paiement effectif de plus de 3/4 du montant du contrat. »
Une conséquence des affaires de viols ?
Pour le député Juvénal Munubo, membre de la commission permanente défense et sécurité à l’Assemblée nationale, la RDC paie les affaires de viols où ses Casques bleus ont été accusés, alors que le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, s’est déclaré en guerre contre le « cancer » des violences sexuelles et s’est dit prêt à rapatrier des contingents « entiers ».
La mesure « montre que le respect des droits humains – dont la lutte contre les violences sexuelles – est l’un des éléments fondamentaux dont il faut tenir compte dans la formation d’une armée d’excellence », a-t-il dit. Selon le haut-responsable de l’armée, les huit Casques bleus accusés de viol en Centrafrique sont détenus à Kinshasa en attendent leur procès.
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