Brahim Zaibat : « Danse avec Le Pen » après un selfie
Quelle danse interprètent donc Brahim Zaibat et Jean-Marie Le Pen sur Instagram ? Suite à un selfie volé, la toile s’enflamme et Le Pen s’embrase. La condamnation en perspective sera-t-elle le coût du militantisme ou le prix du buzz ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.
Quitte à être un artiste, autant être une star, surtout quand le métier de danseur vous promet une carrière à durée déterminée. Né en province gauloise, d’un père algérien et d’une mère française, le spécialiste de break dance Brahim Zaibat a compris que les petits buzz n’était jamais superflus pour la construction d’une notoriété parisienne. Après avoir dansé un slow sentimental avec la cougar la plus célèbre de la pop mondiale, après avoir esquissé des paso dobles dans une émission de la première chaîne de télévision française, le voilà qui tente un « joue contre joue » volé avec le fondateur du Front national. Selfie viral au rendez-vous…
Dans le même avion que Jean-Marie Le Pen
En 2013, Brahim Zaibat se retrouve dans le même avion que Jean-Marie Le Pen. Lorsque l’octogénaire s’assoupit, le nez en l’air et la bouche entrouverte, le chorégraphe s’improvise paparazzi. Assis sur le fauteuil juste derrière celui du leader frontiste, il approche son visage, adopte son sourire le plus déployé et flashe un selfie.
Il termine son voyage sans esclandre et conserve le cliché sans le publier. Longtemps ; peut-être parce qu’il redoute la réaction du procédurier, reconnaissant aujourd’hui avoir consulté son avocat, avant de poster la photo. S’il a conservé le cliché secret, c’est peut-être aussi qu’il attendait le moment propice pour en user. Entendez par là « pour participer à l’édification d’une jeunesse consciente » plus que « pour créer le buzz autour de soi ».
Selfie incongru
L’occasion lui est donnée entre les deux tours de l’élection régionale de 2015, lorsqu’il constate le score spectaculaire du FN au premier tour du scrutin. Au moment du second tour de l’élection, le 13 décembre 2015, le finaliste de « Danse avec les stars » poste son selfie incongru sur Twitter et Instagram, agrémenté d’un commentaire militant : «Mettez les KO demain en allant tous voter. Pour préserver notre France fraternelle!!! #jadoreça».
https://twitter.com/BZaibat/status/675704518663905280
Brahim Zaibat avait eu raison de préparer ses avocats à le défendre contre toute action du FN. Début janvier, le danseur annonce avoir reçu «un papier d’huissier». Jean-Marie Le Pen l’attaque en justice pour avoir «nui à son image et contribué pour beaucoup dans la défaite du parti dirigé aujourd’hui par Marine, sa fille».
Dommages et intérêts
Selon le magazine people Public, le politicien réclamerait non seulement 50 000 euros de dommages et intérêts, mais souhaiterait que le photographe impudent publie un message d’excuses sur les réseaux sociaux. Une pénalité de 10 000 euros pourrait être demandée pour chaque jour sans contrition multimédia.
La plainte sera examinée au tribunal le 22 janvier. Et même avec le soutien annoncé de la chanteuse Madonna, Brahim Zaibat risque d’être condamné, l’article 9 du Code civil interdisant de photographier et de diffuser un cliché sans l’autorisation de la personne qui y apparaît. Mais c’est peut-être le prix du buzz. Avec 120 000 abonnés, rien que sur Instagram, la condamnation éventuelle à 50 000 euros –condamnation probable, mais pas à ce montant– porterait l’impact individuel à 40 centimes. Et être victime de Jean-Marie Le Pen, c’est quand même swag…
Le fondateur du Front national aimerait certainement que le fils d’Algérien soit déchu de sa nationalité française. Lui qui a été déchu de sa position au FN…
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