Burkina : les priorités d’Alpha Oumar Dissa, nouveau ministre des Mines et de l’Énergie

Baisse des cours de l’or, amélioration des conditions d’exercice de l’orpaillage, préoccupations environnementales, attentes des populations, délestages récurrents… La tâche du nouveau ministre burkinabè ne sera pas de tout repos. Il a dévoilé ses priorités à « Jeune Afrique ».

Vue de la mine de de zinc de Perkoa au Burkina Faso. © Blackthorn Resources

Vue de la mine de de zinc de Perkoa au Burkina Faso. © Blackthorn Resources

Publié le 15 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

C’est à un jeune universitaire spécialiste des questions environnementales que le premier ministre Paul Kaba Thieba a confié le ministère des Mines, de l’Énergie et des Carrières. Alpha Oumar Dissa, 37 ans, est maître de conférences à l’université de Ouagadougou. Ce natif de Orodara, dans le Kénédougou à l’ouest du Burkina. Ses responsabilités au gouvernement s’inscrivent dans le prolongement du travail effectué durant la campagne : il a travaillé sur le volet énergie et mines du programme du nouveau président Roch Marc Christian Kaboré.

Le nouveau ministre déborde d’ambitions pour le secteur minier, premier pourvoyeur de recettes du pays, avec un apport de 168 milliards de F CFA en 2014, soit 12 % des recettes fiscales, pour une production d’or en progression de 32 à 36,5 tonnes entre 2013 et 2014. 

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« Il y a tellement de problèmes dans ce secteur que je n’ai pas envie de remuer le couteau dans la fourmilière », dit-il à Jeune Afrique, qu’il a reçu à Ouagadougou après sa nomination. Toutefois, Alpha Oumar Dissa compte mettre l’accent sur l’orientation des dépenses des revenus miniers vers les secteurs sociaux. Il n’exclut pas non plus de revenir sur certains aspects du code minier, modifié en juin dernier.

Autre chantier de taille à l’agenda minier du ministre : la réorganisation de l’orpaillage dont une partie importante de la population burkinabè dépend. Instaurer une délivrance de permis aux mineurs artisanaux qui seraient un million à dépendre du secteur (sur une population totale de 18 millions de personnes), mettre un terme au travail des enfants dans cette activité et aux pollutions de l’environnement par le recours aux cyanure et au mercure, utilisés pour rendre l’or soluble. Les réformes, là non plus, ne manqueront pas.

Accueil favorable

Ce qui ne défrise pas les représentants des professionnels du secteur, qui accueille plutôt favorablement son arrivée.

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« Nous saluons cette nomination qui intervient dans un contexte (baisse de cours et des investissements, fortes attentes des populations locales ) où il faut réussir à relancer les activités. Pour nous, il faut encourager plus de mines à entrer en production. À défaut de revoir le code minier, cela passe par la révision de ses textes d’application », souligne le secrétaire général de la Chambre des mines, Aboubacar Sidikou.

Énergie

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Pas moins d’ambition en ce qui concerne l’énergie. « En partant du projet de développement industriel et d’accès à l’électricité du président Roch Marc Christian Kaboré, nous comptons doubler le taux d’électrification à 85 % d’ici à 2020 et installer une puissance de production de 1 000 megawatts », dont 80 mégawatts supplémentaires dès 2016, dévoile Alpha Oumar Dissa à Jeune Afrique, depuis ses bureaux du campus universitaire de Zogona à Ouagadougou.

Un objectif à mettre en regard avec les 285 megawatts en capacité à la fin 2014 et un déficit en électricité qui s’accroît de 13 % par an, causant des délestages à répétition sur le réseau.

Pour les réduire, Alpha Oumar Dissa entend multiplier les mesures d’efficacité énergétique, comme la pose des lampes économiques et de films plastiques dans les édifices publics, et diversifier les sources de productions d’énergie.

« Le président Kaboré a pris une option claire pour le solaire, une source d’énergie abondante au Burkina Faso. Nous allons d’abord réglementer le secteur et créer d’ici à la fin de l’année une agence nationale des énergies renouvelables « , indique-t-il. Cette agence, dont la vocation première est de gérer les activités du solaire, sera également une sorte de technopole de la transition énergétique qui va abriter un Institut des énergies renouvelables, des usines de montages du matériel solaire et un laboratoire de recherche appliquée et de contrôle.

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