Attentat au Burkina : « Ils n’arrêtaient pas de nous tirer dessus »

Moussa, policier, a participé à l’assaut contre le commando jihadiste qui a attaqué un restaurant et un hôtel de Ouagadougou vendredi soir. Blessé par des tirs des assaillants, il a été évacué samedi au petit matin.

Aux abords du Splendid hôtel à Ouagadougou vendredi soir. © AP / Sipa

Aux abords du Splendid hôtel à Ouagadougou vendredi soir. © AP / Sipa

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 18 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Un grand plâtre lui recouvre le bras droit. Le gauche est sous perfusion. Assis sur son lit d’hôpital, dans le service des urgences du centre hospitalier Yalgado Ouédraogo, à Ouagadougou, Moussa (son prénom a été modifié) se remet péniblement d’une nuit qu’il « n’oubliera jamais ». Policier dans l’unité d’intervention polyvalente de la police nationale (UIP), ce quarantenaire sobre était en patrouille avec des collègues dans le quartier chic de Ouaga 2000 vendredi en fin de journée.

Nous avons essayé de nous rapprocher le plus possible de la zone

« Peu après 19h30, nous avons reçu un appel nous signalant de nombreux coups de feu sur l’avenue Kwame N’Krumah », raconte-t-il. Les policiers écourtent leur ronde ordinaire et foncent vers le centre-ville. Arrivés à quelques centaines de mètres du Cappuccino, ils comprennent, en entendant les nombreuses rafales de kalachnikov, que l’affaire est grave. « Nous avons essayé de nous rapprocher le plus possible de la zone, mais ils n’arrêtaient pas de nous tirer dessus ».

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Une seconde équipe arrive alors en renfort. Forte d’une vingtaine de policiers, leur colonne essaie de pénétrer dans le Splendid hôtel, où les terroristes se sont repliés après 20h. Leur tentative est un échec. Moussa et ses collègues décident donc de contourner le bâtiment. Ils se retrouvent dans la rue du bar le « Taxi-Brousse ». Mais des assaillants y sont retranchés et les prennent encore pour cible.

Un peu avant 7h, j’ai été touché par trois balles

Vers 2h du matin, l’équipe de policiers parvient à prendre position juste en face du « Taxi-Brousse », dans le hall de l’hôtel Yibi, fermé pour cause de travaux. « Nous nous sommes rapidement rendus compte qu’il y avait un terroriste à l’étage qui nous visait dès qu’on bougeait », témoigne Moussa. Peu avant 6h, son unité arrive à sortir de l’hôtel, sous couverture de leurs collègues burkinabè et des forces spéciales françaises.

Elle progresse ensuite vers un immeuble en construction à une poignée de mètres du « Taxi Brousse », d’où les terroristes continuent à tirer. « Un peu avant 7h, j’ai été touché par trois balles : une a ricoché sur mon casque, mais les deux autres m’ont atteint au bras et à la main », souffle-t-il. Deux autres policiers sont blessés. Alors que l’assaut contre les derniers terroristes est sur le point de se terminer, Moussa est évacué vers la base aérienne militaire, située à proximité, puis transféré à l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Il est aujourd’hui tiré d’affaire, comme les autres policiers et gendarmes burkinabè qui ont été blessés dans l’attaque.

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