Comment les trois terroristes ont attaqué le Cappuccino à Ouagadougou : l’enquête avance au Burkina
Quatre jours après l’attaque terroriste qui a frappé un restaurant et un hôtel dans le centre de la capitale burkinabè, le mode opératoire des jihadistes se précise.
Les doutes se dissipent peu à peu. Selon nos informations, les enquêteurs ont désormais acquis la conviction, après avoir interrogé différents témoins et exploité des vidéos de caméras de surveillance du Splendid hôtel, que le commando jihadiste qui a tué 30 personnes vendredi soir dans le centre de Ouagadougou était composé de trois assaillants et non quatre, comme l’avaient jusque-là laissé entendre plusieurs sources burkinabè.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiqué l’attentat, avait rapidement diffusé les photos de ces trois jeunes hommes dans un communiqué et dévoilé leurs noms de guerre : Al-Battar Al-Ansari, Abu Muhammad al-Buqali et Ahmad al-Fulani. Il s’agit de deux Arabes et d’un Noir, âgés à peine d’une vingtaine d’années, que les services de renseignement cherchent toujours à identifier. Les corps de ces trois individus, dont les nationalités demeurent inconnues, ont été retrouvés au « Taxi-Brousse », le bar de l’avenue Kwame N’Krumah dans lequel ils ont été tués samedi à l’aube par les forces de sécurité.
Ils ont réservé une chambre au Splendid hôtel
Avant de semer la terreur dans le centre de Ouagadougou, les trois jihadistes avaient soigneusement préparé leur attaque. D’après une source sécuritaire, ils avaient réservé une chambre vendredi au Splendid hôtel par l’intermédiaire d’un ressortissant burkinabè, qui est aujourd’hui entre les mains des enquêteurs. Arrivés vendredi à la mi-journée, ils se seraient présentés à la réception avec de faux papiers d’identité correspondant aux noms figurant sur la réservation. Ils sont ensuite allés prier dans la mosquée voisine, puis sont revenus déjeuner à l’hôtel. « Plusieurs serveurs affirment les avoir reconnus », confie une source proche de l’enquête.
Les trois jeunes hommes s’éclipsent de l’hôtel dans l’après-midi. Ils reviennent dans le quartier vers 19h30, armés de kalachnikovs neuves, de munitions et de grenades. Ils commencent alors par tirer en rafale sur la terrasse du restaurant Cappuccino, puis pénètrent à l’intérieur de l’établissement où ils font un carnage. En ressortant, ils mettent le feu aux véhicules stationnés devant.
Ils ont changé de vêtements
Les terroristes traversent ensuite l’avenue pour se replier dans le Splendid hôtel. « Les vidéos de surveillance prouvent que le Cappuccino était leur objectif principal. Car une fois dans l’hôtel, ils ont arpenté un peu tous les étages en tirant ponctuellement, sans vraiment donner l’impression de savoir où aller », raconte notre source sécuritaire.
Les trois assaillants prennent aussi le soin de se changer, probablement pour brouiller les pistes. En djellabas et turbans sur les vidéos du Splendid, ils seront retrouvés morts en jeans et tee-shirts, avec des vestes à poches pour stocker leurs munitions – un changement de style vestimentaire qui aurait pu, selon les enquêteurs, conduire les témoins à évoquer plus de trois tireurs.
Avaient-il des complices ?
Vers une heure du matin, lorsque l’unité spéciale de la gendarmerie burkinabè et les forces spéciales françaises et américaines pénètrent dans l’hôtel, les trois jihadistes ont déserté les lieux. Ils auraient profité de l’incendie extérieur et des opérations d’évacuation des blessés pour traverser la rue. Un temps positionnés au Yibi, un hôtel voisin en travaux, ils finissent par se retrancher dans le bar Taxi-Brousse. Ils y seront abattus par les forces de sécurité quelques heures plus tard, peu avant 7 heures du matin.
Les vidéos de surveillance du Splendid pourraient par ailleurs permettre d’identifier plusieurs complices présumés des terroristes. Au moins cinq individus non-armés, qui faisaient partie des personnes évacuées de l’hôtel, ont été filmés en train d’échanger avec les trois assaillants. Toujours entre les mains des services de sécurité, ils sont suspectés de leur avoir fourni un support logistique ou opérationnel. Selon une source citée par l’AFP, l’existence d’une « cellule dormante basée à Ouagadougou qui a aidés (les jihadistes) dans cette opération » ne fait pas de doute.
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