Trois fois plus d’actes antimusulmans qu’en 2014

« Nous constatons une diminution de 5% des actes antisémites », qui restent cependant « à un niveau élevé, avec 806 actes constatés », tandis que de leur côté, les actes antimusulmans ont plus que triplé en un an et s’établissent à « environ 400 », a précisé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, à La Croix, mercredi 20 janvier.

429 actes antimusulmans en 2015, contre 133 en 2014

Selon le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, le bilan atteint exactement 429 actions ou menaces contre les musulmans en 2015, soit un « sommet » jamais atteint depuis la création en 2011 de cette instance du CFCM (Conseil français du culte musulman). L’année 2014 s’était soldée par 133 actes antimusulmans. Pour les actes antisémites, 851 cas avaient été enregistrés en 2014.

« L’islamophobie doit être combattue et dénoncée non seulement par les musulmans, mais aussi par la communauté nationale dans son ensemble car il n’est plus possible d’entendre et d’accepter que des hommes politiques » puissent « dire que l’islam est incompatible avec les valeurs de la République », a réagi Abdallah Zekri dans un communiqué.

Des réactions aux attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher

Plus de la moitié des actes antimusulmans avaient été enregistrés au seul premier trimestre, dans le sillage des attentats jihadistes contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, ceux du 13 novembre ayant eu nettement moins de répercussions.

Depuis 2005, les violences et menaces antisémites n’avaient dépassé qu’à deux reprises le seuil des 800 actes, en 2009 et 2014, à chaque fois en écho à un raidissement du conflit israélo-palestinien.

Les attaques de lieux de cultes chrétiens également en hausse

Les lieux de culte et cimetières chrétiens, qui sont en France les plus nombreux et se comptent par dizaines de milliers, « ne sont pas épargnés avec 810 atteintes, en hausse de 20% », a précisé Bernard Cazeneuve.

Bernard Cazeneuve a par ailleurs estimé que « les racines chrétiennes de la France sont incontestables au regard de son histoire », mais qu’il ne fallait pas en faire « un motif d’exclusion de ceux qui ne sont pas chrétiens » ni « oublier la contribution qu’ils ont apportée eux aussi à l’histoire de notre pays ».

La laïcité, selon lui, « n’a pas à se durcir, mais à s’affirmer ». « Vouloir lancer une déclaration de guerre aux religions serait une erreur funeste », a-t-il mis en garde.