Tunisie : les manifestations se poursuivent à Kasserine après la mort d’un jeune chômeur

Plus d’un millier de personnes, souvent jeunes, se sont à nouveau rassemblées ce jeudi à Kasserine, au centre de la Tunisie, théâtre de contestations sociales depuis plusieurs jours. La veille, un policier a été tué durant la dispersion d’une manifestation a annoncé le ministère de l’Intérieur.

Un jeune Tunisien passe devant des pneus brûlés lors de heurts avec la police, le 20 janvier 2016 à Kasserine. © AFP

Un jeune Tunisien passe devant des pneus brûlés lors de heurts avec la police, le 20 janvier 2016 à Kasserine. © AFP

Publié le 20 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Que réclament-ils ?

Les manifestants se sont à nouveau rassemblés ce jeudi devant le gouvernorat de Kasserine. Sous une très forte présence sécuritaire, nombre d’entre eux cherchaient à obtenir des renseignements sur le recrutement de 5000 chômeurs annoncé la veille en urgence par le porte-parole du gouvernement, Khaled Chaouket.

« Nous sommes là depuis 7h mais aucun responsable n’est sorti pour nous parler jusqu’à maintenant. Ce sont des promesses en l’air », a déclaré Houcem el Rhili, 24 ans.

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« Nous sommes prêts à travailler sur des chantiers s’il le faut. Que quelqu’un sorte et nous parle! », ont clamé Mohammad et sa femme, dénonçant une « situation insupportable ».

Signe de la tension, un jeune homme a tenté de se jeter du haut du toit du gouvernorat, avant d’être retenu in extremis par d’autres personnes. Les routes menant à Kasserine portaient les stigmates des heurts des derniers jours : pneus calcinés, cartouches de lacrymogènes et pierres jonchant les rues.

Un policier tué lors des affrontements

Depuis la révolution de 2011, Kasserine a plusieurs fois connu des mouvements de protestation dégénérant parfois en affrontements violents avec la police, sur fond de misère et de chômage persistants.

Depuis plusieurs jours, les rassemblements s’y succèdent, comme dans d’autres villes de la région, et ont parfois tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Selon une source de sécurité, des incidents ont notamment éclaté mercredi à Thala, ville située à 50 km au nord de Kasserine, où des manifestants ont brûlé des pneus.

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Mercredi soir, un policier âgé de 25 ans est décédé « à la suite d’affrontements » à Feriana, une ville située à une trentaine de Kasserine, a informé le ministère de l’Intérieur, alors qu’il était en train de disperser les manifestants, a précisé une source sécuritaire à l’AFP .

D’autres incidents ont éclaté mercredi, a indiqué une source de sécurité à l’AFP, notamment à Thala, à 50 km au nord de Kasserine, où des manifestants ont brûlé des pneus.

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Pourquoi cette montée des tensions ?

La situation s’est tendue à Kasserine du fait du décès samedi 16 janvier d’un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, qui s’est électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait notamment contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

Des manifestations ont eu lieu le lendemain puis mardi 19 janvier, avec entre 500 et 1 000 manifestants scandant « Le travail est un droit ». Des jets de pierre ont eu lieu, d’après un responsable du ministère de l’Intérieur, les forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogène.

Au moins 14 personnes ont été légèrement blessées. Des commerces ainsi que la Poste et des écoles ont fermé plus tôt que d’habitude en raison des troubles.

Quelle est la réponse des autorités ?

Dès lundi, un haut responsable du gouvernorat de Kasserine a été limogé à la suite du décès du chômeur, et la présidence du gouvernement avait annoncé l’ouverture d’une enquête. Un couvre-feu nocturne a également été décrété mardi, le gouverneur Chedly Bouallègue ayant affirmé que celui-ci était globalement respecté.

Interrogé par la radio privée Mosaïque FM, il a assuré que les autorités locales étaient à l’écoute des manifestants. « Nous sommes en train d’accueillir des jeunes, des diplômés de l’enseignement supérieur, par groupes. Nous les écoutons, dialoguons et notons leurs revendications », a-t-il fait valoir. Sollicité, le ministre de l’Intérieur n’était pas joignable dans l’immédiat.

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